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Ramadan reconnaît des relations sexuelles mais nie le viol

Publié le 22/10/2018 17:32
© Reuters. RAMADAN ENTENDU PAR LES JUGES À SA DEMANDE

PARIS (Reuters) - L'islamologue suisse Tariq Ramadan a reconnu lundi avoir eu des relations sexuelles avec deux femmes qui l'accusent en France de viol mais a dit aux juges chargés de l'affaire que ces relations "dominant-dominé" étaient consenties, a déclaré son avocat.

"Sa parole est enfin libérée et il en est soulagé", a dit Me Emmanuel Marsigny à la presse à l'issue d'une audition de près de deux heures à la demande, a-t-il précisé, de son client, figure controversée dans les débats sur l'islam et petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans.

Tariq Ramadan avait jusqu'à présent toujours nié avoir eu des relations sexuelles avec ses accusatrices.

Des éléments versés au dossier récemment "démontrent que les parties civiles ont menti et que les relations sexuelles ont été parfaitement souhaitées, consenties et même par la suite de nouveau recherchées", a ajouté Me Emmanuel Marsigny.

Il s'agit de SMS retrouvés dans le portable d'une des deux plaignantes, identifiée sous le prénom de Christelle, ou fournis vendredi dernier par la défense de Tariq Ramadan et concernant l'autre plaignante, Henda Ayari, a précisé l'avocat.

"Ces éléments (...) démontrent de manière éclatante qu'il n'y a jamais eu viol", a-t-il insisté. "Les messages entre M. Ramadan et ses accusatrices ne laissent aucun doute quant à la nature des jeux sexuels auxquels les uns et les autres avaient l'intention de se livrer et se sont livrés de manière parfaitement consentante."

Me Emmanuel Marsigny a annoncé qu'il avait déposé une nouvelle demande de remise en liberté pour Tariq Ramadan, en détention provisoire depuis le 2 février, et qu'une plainte pour dénonciation calomnieuse et de crimes imaginaires suivrait.

L'avocat de "Christelle", Eric Morain, a pour sa part maintenu que sa cliente disait la vérité et que le viol n'avait, pour lui, jamais fait de doute.

CONFRONTATION

"Cela fait 11 mois que M. Ramadan ment, cela fait 11 mois que M. Ramadan et ses soutiens salissent, insultent les plaignantes", a-t-il déclaré à des journalistes.

"Les SMS de ma cliente ne sont pas horodatés et aujourd'hui personne, à part elle, n'est capable de dire quand elle les a envoyés. Elle s'expliquera devant les magistrats instructeurs si jamais ceux-ci la convoquent et elle viendra dire quand elle les a envoyés et pour quelle raison elle les a envoyés."

Jonas Haddad, un des avocats de Henda Ayari, a abondé dans le même sens dans une déclaration à Reuters.

"Voilà un an que la défense de M. Ramadan tente des tours de passe-passe pour sauver sa cause. La réalité, c'est qu'il a menti depuis le début de cette affaire en niant des relations et qu'il lui a fallu un an pour avouer. Faudra-t-il encore un an pour qu'il avoue le reste ? " a-t-il demandé.

Tariq Ramadan avait été confronté pendant dix heures le 18 septembre à Christelle.

Cette femme convertie à l'Islam et handicapée depuis un accident de voiture l'accuse de l'avoir violée en octobre 2009 dans sa chambre d'hôtel à Lyon.

A l'issue de la confrontation, l'avocat de Tariq Ramadan, Me Emmanuel Marsigny, avait déposé une demande de remise en liberté de son client, qui souffre de sclérose en plaques.

Mais cette demande avait été rejetée comme les précédentes, en raison notamment de la découverte sur un ancien téléphone de Christelle de plusieurs centaines de SMS échangés entre elle et l'islamologue, dont 255 envoyés par ce dernier.

Selon une source proche de l'enquête, deux séries de SMS avaient retenu l'attention des enquêteurs : la première, le 9 octobre 2009, démontrait que Tariq Ramadan avait bien invité ce jour-là Christelle à le rejoindre dans sa chambre, alors qu'il affirmait jusqu'ici ne l'avoir rencontrée qu'au bar de l'hôtel.

© Reuters. RAMADAN ENTENDU PAR LES JUGES À SA DEMANDE

Dans une deuxième série, les 10 et 11 octobre, il lui écrivait pour s'excuser de sa violence. Mais, réplique Me Emmanuel Marsigny, Tariq Ramadan ne conteste pas "avoir eu des relations dans le cadre de jeux sexuels sur le mode dominant-dominé (...), toujours de manière complice et consentie".

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)

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