PARIS (Reuters) - Le président du Medef a estimé jeudi que le projet de réforme du droit du travail allait dans le bon sens, souhaitant qu'il aboutisse pour que la France en sorte, selon lui, grandie.
Selon le projet de loi soumis au Conseil d'Etat, que Reuters s'est procuré, le texte maintient la durée légale du travail à 35 heures hebdomadaires mais tout le reste est pratiquement ouvert à la négociation collective, voire laissé à la discrétion de l'employeur dans certains cas, en l'absence d'accord.
Pierre Gattaz a déclaré à la presse, en marge d'un colloque organisé au siège de son organisation, que le texte s'attaquait aux racines des problèmes de la France, à savoir le chômage et la création d'emplois. "Il faut déverrouiller le marché du travail à tout prix et baisser la peur des salariés d'être licenciés face à la peur des patrons d'embaucher (...), cette loi le fait", a-t-il jugé.
Selon lui, cette loi devrait permettre aux entreprises de disposer des capacités d'adaptation qui leur font aujourd'hui défaut en raison d'un cadre trop rigide, et donnera en outre la possibilité aux salariés "de changer de travail, de changer de métier et de se former tout au long de la vie."
Interrogé sur l'élargissement des motifs de licenciement économique prévu dans le texte, il a déclaré qu'il ne s'agirait en aucun cas d'augmenter la précarité des salariés. "Déverrouiller le marché du travail, ce n'est pas augmenter le chômage, au contraire. Notre obsession, au Medef c'est de baisser le chômage, c'est de créer de l'emploi", a souligné Pierre Gattaz.
Alors que le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a émis jeudi des réserves sur certains points du texte, Pierre Gattaz a souligné l'urgence de mettre en oeuvre des réformes profondes. "Ce qui est important c'est que tout le monde, notamment dans l'hémicycle, prenne ses responsabilités sur cette loi", a-t-il dit, notant cependant qu'elle ne réglerait pas tout, en particulier le problème de la fiscalité trop lourde en France.
La ministre du Travail, Myriam El Khomri, doit présenter lors du conseil des ministres du 9 mars ce texte qui prévoit un assouplissement du code et du marché du travail, réclamé de longue date par le patronat mais susceptible de crisper une partie de la gauche et les syndicats.
(Myriam Rivet et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse et Gilles Trequesser)