PARIS (Reuters) - Manuel Valls devrait annoncer un coup de pouce pour les petites retraites en sollicitant mardi la confiance de l'Assemblée nationale pour son gouvernement, une épreuve qu'il espère "passer avec de la force" malgré les "frondeurs" de sa majorité.
Deux jours plus tard, ce sera au tour de François Hollande de défendre ses choix devant la presse, un exercice périlleux dans le climat apocalyptique de rentrée qu'il connaît, avec une impopularité sans précédent, une économie stagnante, des déficits qui dérapent sans oublier des problèmes d'ordre privé.
Cité dans le Journal du Dimanche, le Premier ministre indique qu'il demande la confiance du Parlement "parce qu'il y a une nouvelle donne européenne et qu'il y a eu une clarification politique du gouvernement".
"J'insisterai sur la gravité du moment", a-t-il ajouté en faisant état d'une menace terroriste "que nous n'avons jamais connue à ce niveau-là".
Plus de 900 ressortissants français ou étrangers résidant en France ont rejoint les rangs des islamistes radicaux combattant en Irak et en Syrie, un chiffre donné par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avant la présentation lundi à l'Assemblée d'un plan de lutte contre les filières djihadistes.
Mais pour Manuel Valls, il s'agit surtout de faire entériner par les députés une politique économique jugée trop libérale par une partie de sa majorité, qui repose sur 50 milliards d'euros de baisses de charges et d'impôts pour les entreprises, pour les pousser à investir, financées par des économies publiques.
Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a été évincé cet été du gouvernement pour avoir réclamé, au vu de la croissance nulle de l'économie française, une inflexion passant par des mesures en faveur du pouvoir d'achat des salariés.
Le Premier ministre ne devrait pas donner beaucoup de gages aux "frondeurs" sur ce point. Il indique seulement dans le JDD que le gouvernement compensera bien l'impact de l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la baisse des charges sociales pour les salariés ainsi que "l'effet négatif de l'inflation sur les petites retraites".
ACCIDENT POSSIBLE
Le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a évoqué de même sur Radio J "un coup de pouce" pour les petites retraites qui sera annoncé mardi.
Pour le reste, le chef du gouvernement a mis en garde les députés rebelles du PS, qui pourraient être une trentaine à ne pas lui voter la confiance.
"Je demande à la gauche d'être forte. La question n'est pas de savoir si ça passe, mais de passer avec de la force, des marges. Il peut toujours y avoir un accident. Il ne faut pas jouer avec ça", dit-il.
Quant au changement de politique réclamé par les frondeurs, il déclare qu'il ne constitue pas une "alternative crédible". "Le déficit dérape car la croissance est trop faible. Laisser filer le déficit par des dépenses publiques ou une relance par les salaires n'aurait pas de sens."
Sur Radio J, Jean-Marie Le Guen s'en est pris également aux dissidents du PS. "Ils vivent dans un déni de la situation économique et politique et dans l'illusion d'un rassemblement de la petite gauche qui ne correspond ni à une majorité à l'Assemblée nationale, ni à un programme qui soit tant soit peu crédible et qui existe", a-t-il dit.
L'ancien ministre de l'Economie et des Finances et futur commissaire européen aux affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a appelé de son côté tous les députés de la majorité à voter la confiance au gouvernement à l'occasion d'un vote qu'il considère "d'intérêt national".
"Je pense que c'est très important que ce vote marque qu'il y a un cap qui est le cap de réformes qu'il est nécessaire de faire - réduire les déficits, réduire aussi les dépenses publiques, faire en sorte également que le pacte de responsabilité permette aux entreprises d'investir pour embaucher et poursuivre ce qu'on appelle les réformes structurelles", a-t-il dit sur Europe 1/i>Télé.
"Ce gouvernement a besoin d'être solidement étayé parce qu'il fait son travail et que ce n'est pas facile", a ajouté Pierre Moscovici, qui est encore député, avant d'ajouter qu'il voterait la confiance "sans hésitation".
(Yann Le Guernigou, édité par Guy Kerivel)