par Claude Canellas
BORDEAUX (Reuters) - Après le désarmement de l'ETA le 8 avril, la société civile basque s'attelle à la question des prisonniers basques en organisant à partir de jeudi un tour de France des prisons avec les familles de détenus qui s'achèvera le 9 décembre, jour d'une grande manifestation à Paris.
Une cinquantaine de personnalités du Pays Basque se rassembleront jeudi devant la prison de Mont-de-Marsan (Landes) pour lancer la mobilisation. Mont-de-Marsan est avec Lannemezan (Hautes-Pyrénées) l'un des deux établissements pénitentiaires où les familles souhaiteraient que les détenus basques soient transférés.
Le rapprochement est une des revendications qui va être portée tout au long de ce tour de France, alors que les 63 prisonniers incarcérés en France (307 en Espagne) sont répartis dans vingt prisons souvent éloignées du Pays Basque, contraignant les familles à de longs déplacements pour les visites.
Le Défenseur des droits a été saisi par 52 familles qui dénoncent une violation des droits des prisonniers subissant cet éloignement.
"Outre le rapprochement, nous demandons la libération des prisonniers malades et l'application des libérations conditionnelles qui sont refusées jusqu'à maintenant alors que 14 prisonniers peuvent en bénéficier en France", a déclaré à Reuters Emilie Martin, porte-parole du collectif de 25 organisations Bagoaz agissant pour la défense des prisonniers.
Il organise le tour de France avec l'association des familles de prisonniers Etxerat, et Sare, organisation de défense des prisonniers au Pays basque côté espagnol.
"On s'inscrit totalement dans la démarche des Artisans de la Paix. C'est notre apport", a ajouté Emilie Martin.
Les Artisans de la Paix, dans la continuité de la journée du désarmement du 8 avril, organisent la manifestation du 9 décembre à Paris, point d'orgue de la campagne "Maintenant les prisonniers" lancée le 30 septembre dernier. Des milliers de personnes sont attendues.
Le périple à travers la France sera marqué par huit étapes dans des grandes villes (Toulouse, Marseille, Lyon, Poitiers, Nantes, Rennes, Lille et Paris) où les élus locaux, la presse et la population seront interpellés sur la situation des prisonniers et du processus de paix au Pays Basque lancé en 2011.
Des rendez-vous sont prévus avec des représentants de l'administration pénitentiaire régionale.
Une réunion s'est déroulée le 19 octobre entre le ministère de la Justice et une délégation du Pays Basque comprenant le président de la communauté d'agglomération du Pays Basque et maire de Bayonne Jean-René Etchegaray (UDI) et Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme (LDH).
Cette délégation a annoncé mardi que le statut de DPS (détenus particulièrement signalés) avait été levé pour sept prisonniers basques.
(Edité par Sophie Louet)