PARIS (Reuters) - Une nouvelle carte de France de l'éducation prioritaire verra le jour à la rentrée 2015 pour lutter contre les inégalités, mais quelque 200 établissements exclus du dispositif des "Zep" craignent pour leur avenir.
La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a dévoilé mercredi le répartition des "Réseaux d'éducation prioritaire" (Rep), nouvelle appellation des "zones d'éducation prioritaire", qui concernent toujours 1.082 établissements avec quelque 200 entrants et 200 sortants.
Des grèves, blocages et autres manifestations ont été lancés ces dernières semaines dans plusieurs des établissements exclus du dispositif, notamment en Seine-Saint-Denis, à Paris ou à Toulouse.
Le ministère de l'Education estime que la carte de l'éducation prioritaire, créée en 1981 par Alain Savary, est "aujourd'hui déconnectée de la réalité sociale", certaines zones ne présentant plus les caractéristiques qui avaient justifié leur classement en éducation prioritaire.
"La carte est réactualisée, parce que dans ces 1.082 d'avant, il y en a qui au fil des années vont mieux, fort heureusement", a expliqué Najat Vallaud-Belkacem à l'issue du conseil des ministres.
"Il y a plus de mixité sociale chez eux, donc c'est normal qu'il sortent pour laisser la place à d'autres qui ont vu leur situation s'aggraver et à qui on faisait une injustice en ne les traitant pas dans l'éducation prioritaire", a-t-elle ajouté.
Repensée dans le cadre des évaluations des politiques publiques (EPP), la carte sera actualisée tous les quatre ans.
352 MILLIONS D'EUROS
La ministre fait valoir que les établissements sortis du dispositif "ne cesseront pas d'être aidés" dans le cadre notamment d'une "réforme de l'allocation des moyens", la répartition des postes par académie qui obéira désormais à "15 critères" (par exemple le revenu des parents) et non plus au nombre d'élèves et à la localisation des collèges et écoles.
Le gouvernement prévoit 352 millions d'euros dans le budget 2015 pour l'éducation prioritaire, dont 222 millions pour financer 7.600 créations de postes dans le primaire et le secondaire.
Les enseignants du secteur bénéficieront d'aides et de formations renforcées et d'une augmentation de l'indemnité annuelle à laquelle ils ont droit (1.156 euros actuellement).
Les enseignants n'étant plus classés en éducation prioritaire verront leur indemnité maintenue pendant trois ans.
"La vocation de l'éducation prioritaire, ce n'est pas d'y rester, c'est d'en sortir", a insisté Najat Vallaud-Belkacem.
Les réseaux d'éducation prioritaire concernent plus de 1,5 million d'élèves pour 140.000 professeurs en France.
Selon l'enquête Pisa 2012 de l'OCDE, la France est le pays européen le plus affecté par le déterminisme social.
"En France, le système d'éducation est plus inégalitaire qu'il ne l'était neuf ans auparavant. En d'autres termes, lorsqu'on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd'hui moins de chance de réussir en France qu'en 2003", selon l'étude.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)