Altice (AMS:ATCE) vient d'abandonner près de 15% à la bourse d’Amsterdam. Les investisseurs s’inquiètent des capacités de la holding fondée par l'homme d'affaires Patrick Drahi à financer dans de bonnes conditions le rachat du câblo-opérateur américain Cablevision.
Pour financer ses multiples acquisitions en Europe et aux Etats-Unis, Patrick Drahi a joui pendant longtemps de la confiance des marchés qui lui prêtaient allègrement les milliards dont il avait besoin.
Le secteur des câblo-opérateurs offre des perspectives de cash-flow élevés et récurrents, qui permettent de se lancer dans des montages financiers avec beaucoup de dettes. La réduction des coûts et la restructuration des actifs accélérant la capacité de remboursement.*
Mais la roue pourrait avoir tourné. En effet, pour financer l’acquisition de 17,7 milliards de dollars de Cablevision annoncée début septembre, Altice comptait lever 6,3 milliards sur le marché obligataire. Mais dans un contexte de retour de l'aversion au risque, la holding à du limiter cette levée de dette à 5,3 milliards vendredi passé.
Par ailleurs, Altice a dû offrir des rendements sensiblement plus élevés que d’habitude. Comme l’explique Clint Comeaux, gérant spécialiste du marché « High Yield » américain chez Muzinich & Co, les investisseurs sont devenus plus exigeants et réclament à Altice des coupons de l'ordre de 9% pour lui prêter de l'argent, contre moins de 7% en début d’année.
Certains observateurs s'interrogent dès lors sur la capacité d'Altice à financer ses acquisitions dans un contexte de marché qui a changé.
Partant, l'endettement considérable d'Altice (on parle de 30 milliards d'euros) commencent à inquiéter d'autant que le sentiment du marché s'est considérablement dégradé.
Tension sur le marché secondaire
Sur le marché secondaire, les différentes obligations émises par la holding sont orientées assez nettement à la baisse.
A titre d’exemple, l’obligation Altice Financing SA (7,25% - 2022) se traite désormais à 93,50% du nominal, contre un cours proche des 100% il y a quelques jours. Dès lors, le rendement annuel de cette obligation disponible à partir de 100.000 euros passe de 6 à plus de 8%.
En dollars (coupure de 200.000), la tranche 6,625% - 2023 affiche désormais un rendement annuel supérieur à 9%, sur base d'un cours de 94,50% du nominal.