Le Brésil relégué parmi les emprunteurs spéculatifs : les conséquences sur l’obligataire
Les marchés craignaient depuis un petit temps déjà que le Brésil ne soit relégué au rang des émetteurs spéculatifs. C’est désormais chose faite et c’est Standard & Poor’s qui a dégainé la première. L’agence a dégradé ce mercredi la note du géant latino-américain d’un cran à « BB+ ».
Cette décision était prévisible compte tenu de la fragilité de la septième économie mondiale, entrée en récession au deuxième trimestre.
Si les analystes prévoient que la récession durera au moins jusqu'à la fin de l’année prochaine, le pays doit également faire face à une inflation galopante, proche des 10%, à un chômage en hausse et à la chute de popularité de sa présidente Dilma Rousseff, mise à mal par des scandales de corruption.
En outre, le gouvernement a transmis il y a quelques semaines au Parlement un budget pour 2016 qui prévoit un déficit primaire, une première dans l'histoire du pays.
En raison de la détérioration de la situation budgétaire, Standard & Poor’s estime à 30% la probabilité d’une nouvelle baisse du rating, raison pour laquelle elle a assorti la note du géant latino-américain d’une perspective négative. Les deux autres grandes agences de notation, Moody's et Fitch, maintiennent pour l’heure le Brésil en catégorie « investissement ».
Regain de tension sur l'obligataire
Sur le marché obligataire, la tension s’accentue un peu plus sur les émetteurs corporate brésiliens.
L’opérateur des télécoms OI est l’un des plus touché, en atteste son emprunt 5,75% - 2022 orienté à la baisse pour le neuvième jour consécutif à 67% du nominal, son plus bas historique. Cette émission affiche un rendement annuel de 13,50% (coupure de 200.000 dollars, rating « BB+ » chez Standard & Poor’s). L’obligation Portugal Telecom (LISBON:PHRA) (4,50% - 2025), dont le remboursement est garanti par OI, affiche pour sa part un rendement supérieur à 7% (coupure de 50.000 euros, rating « BB+ »).
Le cimentier brésilien Votorantim voit également ses obligations évoluer à leur plus bas. L'émission (3,50% - 2022) se traite à 89% du nominal, propulsant son rendement annuel au-dessus des 5% (coupure de 100.000 euros, rating « BBB »).
Pour citer encore quelques exemples, l’obligation perpétuelle émise par la firme pétrochimique Braskem affiche un rendement annuel de 9,40% (coupure de 100.000 dollars, rating « BBB- »). Toujours sur le segment des perpétuelles, le rendement de l’obligation 7,50% du conglomérat industriel Odebrecht dépasse les 11% sur base d’un cours de 67% du nominal (coupure de 100.000 dollars, rating « BBB- »).
Concernant Petrobras, l’emprunt à six ans (5,375% - 2021) se traite à 84% avec un rendement de 9% (coupure de 2.000 dollars, rating « BBB- »).
Pour rappel, les obligations libellées en dollars impliquent également un risque de change.