La première estimation du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pour le quatrième trimestre de 2014 est ressortie inférieure aux attentes à 2,6 % alors que le consensus des économistes s'était tablé sur une croissance annualisée de 3,0 %.
A première vue, le ralentissement de la croissance américaine à la fin de 2014 paraît inquiétant compte tenu de la faiblesse générale observée dans l'économie mondiale l'année dernière. En effet, le renforcement économique aux Etats-Unis est assez particulier dans la mesure où la zone euro, le Japon et la Chine font face à des ajustements structuraux qui limitent pour l'instant le potentiel de croissance dans ces régions.
En regardant les différents composants du PIB, deux choses sautent aux yeux :
- La consommation privée a augmenté de 4,6 % au T4, soit à son rythme le plus important depuis le T1 2006.
- Les exportations ont progressé de 2,8 % (contre +4,5 % au T3) alors que les importations ont grimpé de 8,9 % (contre seulement +0,9 % au T3).
Source : BEA
Il est clair que l'appréciation rapide du dollar US a impacté négativement la croissance du PIB durant le quatrième trimestre. Du fait de la normalisation graduelle de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), les Etats-Unis sont en train d'importer une partie de la désinflation/déflation des prix en provenance d'Europe et d'Asie. C'est justement le principal résultat d'une guerre des monnaies avec la Fed étant l'une des seules banques centrales à démontrer une volonté de relever ses taux d'intérêt.
La hausse du billet vert pourrait continuer à pénaliser la balance commerciale US, mais nous ne devons pas forcément nous inquiéter d'un net ralentissement de la croissance américaine. Deux choses peuvent continuer à soutenir la première économie mondiale, et ce pour lui permettre de maintenir un rythme de croissance relativement robuste en 2015.
1. La confiance des ménages américains grimpe fortement depuis l'été dernier et pourrait continuer à monter en l'absence de choc exogène sur l'économie ou de krach sur les marchés financiers. Sachant que la consommation privée représente environ 70 % de la demande intérieure, une période prolongée durant laquelle le sentiment des consommateurs reste solide devrait favoriser une croissance au-dessus de 2 % dans les prochains mois.
La confiance des ménages US devrait continuer à soutenir la consommation privée
2. L'appréciation du dollar US rend les matières premières (métaux industriels, matières agricoles, énergie) de moins en moins chères aux Etats-Unis. La chute du pétrole est certainement une manne économique pour les ménages, mais les prix bas des métaux industriels comme le cuivre, l'argent et le plomb aideront le secteur de la construction et le marché immobilier. Notez par contre que le secteur pétrolier sera pénalisé par la baisse du pétrole, ce qui est évident. Mais si le prix du pétrole devait rebondir un peu, ceci pourrait limiter la casse et donner un peu plus de marge aux compagnies pétrolières.
Les prix des matières premières reculent vers de nouveaux plus bas pluriannuels
Source : TradingView
Qu'est-ce que ceci veut dire pour les marchés ?
La robustesse de la demande intérieure aux Etats-Unis aide à prévoir une croissance économique solide pour les mois qui viennent. Toutes choses égales par ailleurs, cela pourrait pousser la Fed à annoncer une première hausse de ses taux d'intérêt cette année, même s'il n'y a pas de raison de s'inquiéter de l'inflation. Face aux autres banques centrales des pays développés, qui ont pour la plupart des politiques monétaires accommodantes, la guerre actuelle des monnaies favoriserait une poursuite de l'appréciation du billet vert sur le marché des changes en 2015.
A l'heure actuelle, le Dow Jones-FXCM US Dollar Index (USDOLLAR) évolue juste en dessous de ses sommets de 2009. Alors qu'il est possible que le dollar fasse une pause sous cette résistance en février, un éventuel dépassement nous semble probable compte tenu des fondamentaux actuels. D'ailleurs, un choc baissier provenant d'Europe ou d'Asie pourrait aider à renforcer les perspectives pour le billet vert vu sa qualité en tant qu'actif refuge.
Les traders doivent alors être conscients du risque de correction sur le dollar US au début de ce nouveau mois. Mais si les statistiques macroéconomiques attendues cette semaine (ISM manufacturier, NFPs) sont solides, ce risque pourrait être écarté en cas d'un breakout haussier du dollar.
Le DJ-FXCM US Dollar Index teste ses sommets de 2009
Graphique préparé par Adrian Raymond via Marketscope 2.0
Par Adrian Raymond, Analyste de Marché pour DailyFX