Cette chute généralisée a atteint son point critique ce lundi 8 février, portant la baisse de l’Eurostoxx50, l’indice phare européen, à près de 15% depuis le début de l’année. Le 20 janvier, Mario Draghi, directeur de la BCE, a bien tenté de rassurer les marchés en confirmant ses politiques monétaires de soutien à la croissance, mais le rebond ne fut que de courte durée. La Banque centrale japonaise a adopté de son côté des taux négatifs, une première dans l’histoire.
Ces stratégies destinées à maintenir artificiellement l’inflation et donner ainsi un coup de pouce à la croissance perdent progressivement de leur efficacité, au fur et à mesure de leur adoption par de plus en plus de Banques centrales. Elles n’ont désormais qu’un effet très limité sur la confiance des investisseurs, qui restent obnubilés par les cours du pétrole. A cet égard, il est symptomatique que, depuis avant même le début de l’année, l’évolution de l’indice Dow Jones soit calquée sur celle du prix du baril de brut.
Jusqu’où et jusque quand le prix de baril va-t-il descendre?
La dégringolade du prix du pétrole, entrainée par une offre beaucoup trop importante par rapport à la demande mondiale, n’est peut-être pas prête de s’arrêter. Depuis la décision de l’Arabie Saoudite, mi- 2014, de maintenir un niveau de production élevé pour faire baisser les prix et ainsi contrer l’arrivée des hydrocarbures américains produits par fracturation hydraulique (uniquement rentable lorsque les prix sont plus élevés), l’or noir a perdu plus des deux tiers de sa valeur. La récente levée des sanctions internationales contre l’Iran va inexorablement augmenter encore le niveau des stocks mondiaux. Par ailleurs, alors que, historiquement, elles entrainent une flambée des prix, les tensions actuelles au Moyen-Orient ont l’effet inverse en rendant le dialogue impossible au sein de l’OPEP.
Tant que le brut ne se stabilise pas à un prix plancher, et selon la plupart des analystes il n’est pas impossible de le voir descendre largement sous la barre des 20$ le baril, les marchés resteront fixés sur cette commodité.
La reprise déçoit et la Chine inquiète
Le spectre de la récession au niveau mondial plane et les marchés y sont sensibles. Les pays très dépendants des hydrocarbures, comme la Russie ou le Venezuela, sont déjà en récession. Mais en tête de liste des inquiétudes, on retrouve la Chine. Véritable moteur de la croissance mondiale, particulièrement depuis la crise de 2008, elle peine aujourd’hui à effectuer le virage délicat entre une économie basée en priorité sur l’exportation et une économie tournée également vers la consommation intérieure. Les signes qui interpellent : la dette des ménages chinois, qui a doublé depuis 2008, équivalait déjà à 36% du PIB en 2014, une bulle immobilière prête à éclater et surtout une croissance en 2015 au plus bas depuis 1990.
Du côté des économies dites « avancées », l’Europe et l’Amérique du Nord, l’optimisme est loin d’être de mise. Vendredi dernier, Barack Obama s’enorgueillissait de voir le taux de chômage américain descendre sous la barre symbolique des 5%. S’il s’agissait incontestablement d’une victoire politique pour le Démocrate, cette nouvelle a laissé les investisseurs de marbre. Les marchés avaient anticipé une amélioration légèrement plus conséquente de l’emploi aux USA. De manière générale, les signes de relance sont toujours bien présents, mais beaucoup trop timides pour être rassurants.
L’Eurozone connait également un essouglement de sa croissance et les indices européens s’en ressentent. La bourse de Milan encaisse la baisse la plus spectaculaire, -23% depuis le 1er janvier, sur fond d’inquiétude pour son secteur bancaire.
En attendant la dissipation de ces signes négatifs pour la santé de l’économie globale, on peut s’attendre à ce que l’incertitude actuelle perdure.