Cet article a d'abord été publié sur La Bourse Au Quotidien
Wall Street est parti un peu dans tous les sens mercredi soir : pas seulement à cause d’une alternance de phases d’euphorie et de trous d’air au cours des 2 dernières heures de cotation mais également parce que les indices américains ont divergé de façon radicale dès les premiers échanges (le Nasdaq d’un côté, le Dow Jones et le Russell2000 de l’autre) et ils n’ont cessé de creuser les écarts au fil des heures, y compris après la publication du communiqué final de la FED à 20H.
Le Nasdaq qui avait fait une entame de séance fracassante a doublé la mise en quelques minutes peu après 20H et gagné plus de 1,5% : le Nasdaq Composite a flambé jusque vers 10 087 et le Nasdaq100 s’est envolé de +2% jusque vers 10 155 (+1,3% au final à 10 095, soit +50% depuis le plancher de la mi-mars) dans le sillage des 7 FANGMAN qui affichaient des gains moyens supérieurs à 3%. La capitalisation de ces 7 valeurs dépasse désormais 6 370Mds$ (3 fois le PIB de la France !).
Les capitalisations retenues sont celles correspondant à la valeur algébrique arrondie au dollar inférieur lors de la culmination de chacune de ses valeurs :
Facebook (NASDAQ:FB) : 570Mds$
Apple (NASDAQ:AAPL) : 1 533Mds$
Nvidia (NASDAQ:NVDA) : 234Mds$
GOOG/Alphabet: 1 000Mds$ (tout rond)
Microsoft (NASDAQ:MSFT) : 1 500Mds$
Amazon (NASDAQ:AMZN) : 1 340Mds$
Netflix (NASDAQ:NFLX) : 195Mds$.
Avec le déclenchement d’une vague de prises de bénéfices par les day traders, les gestions indicielles classiques se sont rabattues sur la courte liste de valeurs constituant des achats prioritaires : cela cible une douzaine de leaders incontournables -dont les 7 FANGMAN.
Chaque fois que le Nasdaq reprend l’avantage sur les valeurs cycliques et industrielles, on assiste invariablement depuis 11 semaines à l’activation de programmes “quantitatifs” qui surpondèrent les “titans” à plus de 1 000Mds$ de capitalisation du Nasdaq et du S&P500.
A la clôture, le contraste entre le Nasdaq100 d’une part (+1,28%) et le Dow Jones (-1,04%) ou le Russell2000 (-2,6%) était saisissant.
Le chaos instaure l’imprévisible
La bulle s’est brusquement dégonflée sur les valeurs bancaires, la distribution, le loisir/tourisme (hôtels, casinos, croisières) et les valeurs pétrolières (certaines ayant doublé la semaine dernière).
Il s’agit d’une cinquantaine de valeurs au bord du dépôt de bilan et qui ne doivent leur survie qu’aux largesses de la FED (qui participe aux émissions obligataires de ces entreprises qui seraient incapables de trouver un seul créancier dans le contexte actuel).
D’expérience, lorsque les intervenants les plus avides se jettent sur ce genre de “papiers” avec un opportunisme assumé (acheter parce que ça grimpe, renforcer tant que ça grimpe et pérenniser le mouvement…et sortir dès que le funiculaire s’arrête), c’est un véritable coup de poker. Mais le coup est joué dans le même esprit et par des centaines de milliers de joueurs : à la sortie, il ne reste qu’un seul vainqueur à la table : celui qui les a convaincus de leur invulnérabilité afin qu’ils misent jusqu’à leur dernier jeton.
Pour l’heure, le proverbe “quand tout le monde pense la même chose et agit de façon identique, c’est que tout le monde se plante” semble pris en défaut… tout comme à la veille de l’éclatement de toutes les plus grandes bulles de l’histoire.
Et certains pensent que la “bulle de tout” actuelle n’éclatera pas car “cette fois c’est différent”.
Et les krachs, c’est une situation de chaos qui s’empare du marché… or nous savons tous qu’il n’y a plus de “marché” puisque la FED (ou la BCE, ou la BoJ) fait le “marché”: pouvez-vous imaginer une banque centrale devenir chaotique ?
La FED n’est pas chaotique, en revanche, elle a peut-être choisi la voie du chaos, celle qui consiste à abolir le marché dans une économie où l’écrasante majorité des acteurs (citoyens, entreprises, enseignants, épargnants) continuent de vivre dans l’illusion que c’est le marché qui détermine les choix les plus pertinents et la valeur future des entreprises humaines.
Une autre façon de voir les choses : le chaos instaure l’imprévisible…. et 100% des évolutions des indices boursiers depuis que leur rebond a dépassé 62% du montant de la perte initiale sont imprévisibles, puisque la probabilité d’occurrence était de zéro, comme 8 gaps consécutifs sur le CAC40, comme 50% de hausse du Nasdaq100 entre 6 771 et 10 155, comme 55 de PER médian pour les FANGMAN avec 8% de récession sous-jacente (lesquelles pèsent plus de 55% du Nasdaq100 et un tiers du PIB américain).
L’ordre nouveau (le chaos) imposé par les banques centrales met “l’ancien monde” K-O !