Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Ce vendredi aura donc été une séance des « 3 sorcières » assez singulière, au cours de laquelle la lourdeur s’est imposée à Wall Street, par-delà quelques rachats techniques lors des premiers échanges.
Les principaux indices américains ont d’abord engrangé de 0,8% à 1,2%. Même s’ils avaient déjà reperdu de l’altitude à 17h30 heure de Paris, le vert a d’abord prévalu. Suffisamment pour que les places européennes limitent la casse et entretiennent l’espoir que les supports moyen terme puissent être préservés.
Le CAC40 a finalement clôturé une poignée de points au-dessus des 5 080 points vendredi, tandis que l’Euro Stoxx 50 finissait stable (à 3 211 points) après avoir sérieusement menacé le support des 3 200 points.
La nervosité pourrait toutefois resurgir très vite en Europe cette semaine, alors que Wall Street peine à rebondir, la plupart des tentatives de relance s’étant soldées par autant d’échecs.
Les gains initiaux se sont révélés fragiles dans un contexte de « deleveraging » (réduction de l’exposition au risque) alimenté par la prise en compte des multiples facteurs que les investisseurs avaient cru à tort déjà « pricés », de la hausse des taux au ralentissement conjoncturel en Chine en passant par l’accroissement du risque de crise interne dans l’eurozone avec l’affrontement entre Rome et Bruxelles.
Résultat des courses : Wall Street a fini sans véritable tendance vendredi, ce qui reflète en quelque sorte le bilan de la semaine, avec un Nasdaq retombé dans le rouge (-0,5%, à 7 452 points, mais +0,25% entre lundi dernier et vendredi) et un Dow Jones qui a grappillé 0,25%, à 25 434 points, soit un gain hebdomadaire de 0,4%.
▶ La déconfiture continue pour le Russell2000, indice américain de référence des small et mid caps…
Pas de rupture à la clef donc pour les indices majeurs, mais le baromètre américain des small et mid caps, le Russell2000, a encore reculé de 1,2%. Entré en « territoire de correction » dès jeudi soir, il accuse désormais plus de 21% de baisse par rapport à ses sommets de la fin août.
La rotation sectorielle au détriment des small caps a permis de soutenir les big caps, lesquelles constituent de surcroît l’ultime rempart face à un risque de retournement moyen ou long terme des marchés actions américains.
La stratégie consistant à faire remonter le cash vers Wall Street est de dimension internationale ; et avant de commencer à liquider les composants du Russell 2000, les investisseurs avaient pris soin de faire le ménage du côté des émergents. Ils ont ensuite réduit la voilure en Europe, au risque de valider un signal de retournement suffisamment anxiogène pour affecter à leur tour le Dow Jones et le S&P500 (-6% depuis leurs sommets) et le Nasdaq (qui a reperdu la moitié des 18% de gains annuels affichés à la fin du mois de septembre).
▶ … et le DAX est retombé sur son plancher annuel
Si nous ne pouvons nier que Wall Street est le marché directeur planétaire, nous ne pouvons pas non plus ignorer que le DAX30 est le reflet de la première économie du Vieux Continent et un précurseur de la tendance des places situées en périphérie (dont Paris et Amsterdam).
Or, le DAX est retombé vendredi au contact des 11 500 points, son plancher annuel. D’un point de vue graphique, il a validé la cassure de sa « ligne de cou » des 11 800 points, plancher d’une configuration moyen terme en « double tête/épaules » (13 000/13 560/13 200 points).
La règle du balancier qui s’applique dans ce cas induit un risque mécanique de correction d’au moins 1 800 points, c’est-à-dire vers les 10 200 points. Auquel cas, l’indice effacerait rien moins que ses deux dernières années de gains… avec le retracement de son plancher de mi-novembre 2016 et la tentation d’aller tester les 10 000 points.
C’est donc à Francfort que se livre la principale bataille pour sauvegarder la tendance haussière en Europe. Ce combat semble perdu et il sera selon moi bien difficile d’éviter que tout le monde perde cette guerre si Wall Street se met à décrocher.