Chute du réal et rumeur de restructuration: les raisons de la chute des obligations Portugal Telecom (LISBON:PHRA) Finance
Les obligations émises par Portugal Telecom International Finance sont orientées une nouvelle fois à la baisse sur le marché secondaire ce mercredi.
Dans les premiers échanges de la journée, l’obligation Portugal Telecom Finance International BV, assortie d'un coupon fixe de 4,50% et arrivant à maturité en 2025, se traitait aux alentours des 67% du nominal, ce qui représente une chute de plus de 30% en regard des cours du mois de juin. En parallèle, son rendement annuel se tend à près de 10%.
Garanti par OI Group
Plusieurs raisons expliquent cette forte baisse de régime. Tout d’abord, rappelons que le remboursement et le paiement des coupons des obligations Portugal Telecom Finance International BV sont honorés par OI Group, l’opérateur brésilien des télécoms.
En effet, les dettes obligataires émises par Portugal Telecom International Finance n'ont pas été rachetées par Altice (AMS:ATCE) en décembre dernier. La holding de Patrick Drahi a pour rappel racheté au groupe OI (qui avait lui-même fusionné avec Portugal Telecom en septembre 2013), les actifs portugais de Portugal Telecom sans ses dettes.
Portugal Telecom International Finance BV reste donc une filiale à 100% du groupe brésilien. En d’autres termes, l'évolution des obligations Portugal International Finance BV est fortement influencée par la santé du groupe OI, mais aussi par la situation économique brésilienne.
Or, on le sait, le Brésil, septième économie mondiale, est confronté à une contraction marquée de son économie, rentrée en récession au deuxième trimestre. En parallèle, le pays fait également face à une crise politique liée au scandale de corruption Petrobras, ainsi qu’a des problèmes budgétaires. Partant, Standard & Poor’s a dégradé la dernièrement de deux crans la note souveraine du Brésil, reléguée par la même occasion dans la catégorie spéculative.
Rumeurs de restructuration
La baisse des obligations Portugal Telecom International Finance BV s’est amplifiée en début de semaine. Selon des rumeurs de marché relayées par la presse, OI Group aurait mandaté la banque Rothschild pour restructurer sa dette. Une information démentie par l'opérateur basé à Rio de Janeiro.
Cette annonce a toutefois provoqué une correction des obligations émises par Telemar Norte Leste, également filiale à 100% de OI. La tranche 5,50% - 2020 libellée en dollars affiche désormais un rendement annuel proche des 15%, sur base d’un cours indicatif de 67% du nominal (coupure de 100.000 dollars, rating « BB+ » chez Standard & Poor's).
Toujours en dollars, le rendement annuel de la tranche obligataire OI SA (5,75% - 2022) dépasse les 16%, compte tenu d'un cours de 58% du nominal (coupure de 200.000 dollars, rating « BB+ » chez Standard & Poor's).
Les groupes brésiliens impactés par la chute du réal
Un autre facteur, lié cette fois-ci à l’évolution de la devise brésilienne, alimente également la crainte des marchés.
A un cours de 4,50 BRL pour un euro, le réal brésilien affiche une baisse de près de 40% face à la monnaie unique depuis le début d’année et évolue par la même occasion à son plus bas historique depuis la création de la devise européenne.
Or, de nombreuses entreprises brésiliennes comme celles citées ci-dessus, mais également d’autres comme Odebrecht, Petrobras, Braskem ou encore Votorantim, ont émis de la dette en euros et en dollars. Alors que la majeure partie de leurs revenus sont libellés en réals, l’évolution de change négative pour le réal impacte naturellement leur situation financière.
Flavio Guimaraes, chief financial officer d’OI Group, a indiqué ce lundi 21 septembre que le groupe était protégé contre la chute de la devise et que la compagnie sera en mesure d’honorer ses échéances financières en 2017 (source bloomberg).