Ce mardi, Oblis revient pour vous sur l’emprunt obligataire 6,75% - 2020 du négociant en matières premières Noble Group Ltd. Il s’agit d’une émission de 1,25 milliard de dollars par coupures de 100.000.
Noble Group est l’un des plus gros négociants asiatiques de matières premières (produits pétroliers, minerai de fer, charbon ou encore de matières agricoles). Basée à Singapour, l’entreprise dirigée par Yusuf Alireza, rivalise avec Trafigura ou encore Louis Dreyfus. Elle emploie 1.600 personnes dans le monde et a réalisé un bénéfice net semestriel de 65 millions de dollars, en recul de 4,5%.
L’obligation sous revue figure au rang de dette senior non sécurisée de l’émetteur. Son coupon est versé sur base semestrielle, en janvier et en juillet de chaque année. Pour les investisseurs qui souhaiteraient se positionner sur cet emprunt, les intérêts courus à débourser sont donc limités.
En outre, la récente chute des prix sur le marché secondaire pourrait être considérée par certains comme un point d’entrée intéressant. L’emprunt est en effet actuellement disponible à 91% du nominal, correspondant à un rendement annuel de 9,26%. Les investisseurs exigent donc une prime de risque importante pour détenir de la dette émise par la compagnie asiatique.
Profil de liquidité
Les rendements ont fortement progressé ces derniers jours sur le papier Noble Group, alors que l’entreprise pourrait bien perdre ces prochaines semaines son statut d’émetteur « Investment Grade », conséquence d’une dégradation du profil de liquidité de l’entreprise.
Après Standard & Poor’s en juin, Moody’s a réduit la perspective de la note « Baa3 » de Noble Group à « négative » le 13 août dernier. L’annonce a renforcé les craintes du marché alors que le trader en matières premières est confronté depuis six mois à des accusations de malversations comptables. Le blogueur (anonyme) Iceberg Research et le fonds spécialisé dans les ventes à découvert Muddy Waters LLC multiplient ces derniers mois les insinuations assassines contre Noble Group.
« Noble Group est le prochain Enron » martèle Iceberg Research, en allusion à l’entreprise de gazière américaine devenue célèbre pour sa gigantesque escroquerie.
Noble Group tente bien de rassurer les investisseurs. Il a publié le 11 août dernier un rapport rédigé par le cabinet d’audit PWC et censé restaurer sa crédibilité. En vain semble-t-il, puisque certaines institutions bancaires ont pris prétexte de la diffusion du document pour limiter leurs crédits bancaires accordés à la compagnie, rapporte Bloomberg. C’est une mauvaise nouvelle puisque « la liquidité est un élément vital pour un négociant en matières premières » rapporte un analyste cité par Bloomberg.
Renforçant le pessimisme du marché, Moody’s s’est inquiété la semaine dernière de la dégradation du profil de liquidité du négociant. L’entreprise dispose de 1,1 milliard de dollars de cash et 1,8 milliard de lignes de crédits bancaires consentis, « insuffisant » pour faire face notamment aux dettes de 3,5 milliards de dollars arrivant à échéance ces douze prochains mois, juge l’agence citée par Bloomberg.
« Noble est une société ‘Investment Grade’ avec un business solide et d’importantes ressources, mais nous voulons surveiller comment ils vont gérer leur profil de liquidité à un moment où l’endettement a augmenté et où l’environnement industriel n’est pas particulièrement favorable », explique Joe Morrisson, senior credit officer chez Moody’s et cité par Bloomberg.
Morrisson fait notamment référence à la déroute du prix des matières premières ces dernières semaines.