Chaque jour, l’équipe d’Oblis fait le point sur une obligation. Aujourd’hui, nous avons sélectionné l’un des nombreux emprunts émis par le groupe de distribution britannique Tesco (LONDON:TSCO), plus particulièrement celui affichant une maturité égale au 24 mars 2042 et libellé en livre sterling.
Cette ligne obligataire est assortie d’un coupon de 4,875%, payable sur base annuelle. Malgré sa très longue échéance - on parle ici d’une durée résiduelle de 27 ans - l’émetteur ne dispose d’aucun « call », soit la faculté de racheter par anticipation sa dette selon des conditions définies dans le prospectus.
L’investisseur qui souhaite se positionner sur ce titre doit compter avec un prix de 85,71% du nominal, bien loin du sommet de 104% du nominal atteint fin 2011. Son rendement est à l’avenant (5,955%). Une rémunération confortable qui s’explique par le rating « BB+ » chez Standard & Poor’s, mais pas seulement.
A l'instar de Moody’s, Standard & Poor's a relégué Tesco dans la catégorie des emprunteurs « High Yield » en début d’année. Une demi-surprise pour les boursiers puisque l’agence de notation financière avait entamé à la fin de l’année dernière une procédure en vue d’un abaissement, alors que la situation opérationnelle et financière du groupe britannique inquiète la communauté financière.
Scandale comptable
Le leader britannique de la distribution a publié en avril dernier la plus grosse perte de son histoire presque centenaire. En perte de vitesse, le groupe a été contraint de comptabiliser d’importantes réductions de valeurs sur ses magasins et ses stocks et passé des provisions pour restructuration. David Lewis (ex-Unilever), le nouveau patron à la tête de l’entreprise depuis presque un an, tente ainsi de mettre un terme aux conséquences d’un scandale comptable qui a ébranlé le groupe à la fin de l’année dernière. Il a engagé son entreprise dans une vaste restructuration, laquelle s’est traduite par des fermetures de magasins, la réduction du nombre de produits proposés, des licenciements, une baisse des investissements et la suppression du dividende. Confronté à la concurrence féroce d’Aldi et Lidl, le distributeur a également baissé les prix d’une série de produits.
Lewis doit également gérer l’endettement important du groupe britannique. Parmi les pistes suivies par le CEO figurent des cessions d’actifs. La branche sud-coréenne du groupe, estimée à 6 milliards de dollars, a été mise à l’étalage en juin dernier.
Au-delà de ces éléments, les détenteurs de l’emprunt sous revue doivent compter avec le risque de change, lié à l’évolution de la devise britannique face à l'euro. Sur ce point, le bilan est clairement en faveur de la livre ces derniers mois. Depuis le début de l’année, l’euro s’est en effet affaibli de l’ordre de 10% face à la devise britannique. La livre sterling profite de l’embellie économique du Royaume-Uni et des spéculations sur un prochain relèvement du taux directeur.