Le 6 janvier dernier, Philippe Béchade écrivait, texto : « la faillite du shale oil risque de déclencher la faillite des banques », se demandant même si elle ne ferait pas exploser la planète finance… Cela fait longtemps, également, que nous parlons du risque d’explosion de la dette des shale oil.
Il semblerait que le marché en prenne enfin conscience.
Du moins, en Italie. Depuis le début de la semaine, les valeurs financières italiennes sont en plein marasme. Banca (MI:BMPS) MPS, après avoir connu plusieurs suspensions de cours en séance, a chuté de 15% à la bourse de Milan. Il semblerait que certaines banques ne soient pas assez capitalisées… et les opérateurs « commencent » à s’inquiéter des risques des prêts bancaires liés à l’industrie pétrolière…
En fin de semaine dernière, les premières publications trimestrielles dans le segment bancaire US sont venues nous le rappeler.
Outre JPMorgan (N:JPM) et Citigroup (N:C), Wells Fargo (N:WFC) a retenu l’attention pour ses commentaires sur le segment pétrolier.
Wells Fargo a en effet fait part de son intention de diminuer le montant de son exposition au secteur pétrolier (en termes de nombre de prêts accordés). Or dans le contexte pétrolier tendu de ces derniers jours (cf. le retour de l’Iran sur le marché), cela a sonné comme une alarme au « sauve-qui-peut ».
Les défauts de ce segment du « high yield » se sont multipliés depuis la fin 2015 ; ils risquent d’exploser au premier semestre 2016 qui compte le plus grand nombre d’échéances. Or ce sont bel et bien les banques qui portent le gros du risque de ce segment dans leur bilan !
Les publications et commentaires d’autres poids lourds attendus cette semaine (Bank of America (N:BAC), Morgan Stanley (N:MS) ou encore Goldman Sachs (N:GS) ce mercredi) seront scrutés de près. Mais il se pourrait bien que le pétrole mette le feu aux banques et déclenche tout simplement… un krach généralisé.
Mais voyons vite si, en terme graphique, le secteur bancaire européen a les moyens de résister.
Eh bien… en un coup d’œil : ça va être compliqué.
Le secteur a accéléré à la baisse depuis le début de l’année, notamment à cause de la rupture d’un important support horizontale (rectangle rosé).
Première remarque ici : ce genre d’effet d’accélération est typiquement ce que je cherche à jouer dans Agora Trading. Ces accélérations déclenchent des ventes stops et créent un effet « boule de neige » autoentretenu. Quand vous vous positionnez, c’est le jackpot. Par exemple, nous avons profité de la chute de Crédit Agricole (PA:CAGR) pour encaisser un nouveau gain d’environ 30%.
Voilà ce que cela donnait, graphiquement sur le Crédit Agricole.
J’ai marqué la zone clé par le rosé et la flèche rouge. Sous la zone pointillée, comme on le voit plus franchement avec ce second graphique hebdomadaire ci-dessous, il n’y a tout simplement plus grand-chose en termes de support.
D’où l’ampleur de la chute subie par Crédit Agricole qui n’est pas si surprenante…
Revenons à notre segment bancaire européen, avec cette fois une vue en base journalière. Ne tournons pas autour du pot :
Le secteur arrive en zone basse de canal descendant (cf cercle rosé) et les indicateurs sont survendus.
Je me demande donc si Mario Draghi, jeudi après-midi, ne créera pas un « bear market rally » — c’est les intervenants rachètent massivement leurs positions vendeuses ; on a donc un énorme rebond dans un marché baissier.
Cette fois, contrairement à décembre dernier où les attentes étaient élevées (et avaient été déçues), on ne parle désormais plus d’une possible hausse de la taille du QE par la BCE. MAIS, vu les derniers chiffres de l’inflation sur décembre (inférieurs aux attentes) et étant donné que Mario Draghi avait clairement indiqué que de nouvelles mesures étaient probables si besoin cette année…
… Une annonce de ce type serait bienvenue ?
Difficile à anticiper. Mais vue la situation à risque extrême qui pèse sur le secteur bancaire à cause du high yield… Mario Draghi aurait peut-être tout intérêt à chercher à éteindre l’incendie avant qu’il ne se déclenche.
Si tel est le cas, je pense que nous aurions d’importants rachats à jouer, et qu’un rebond de +5% en séance sur les bancaires n’aurait rien de surprenant…