Cela fait déjà plusieurs semaines que plus personne ne pense rien à force d’inventer chaque jour des raisons à la hausse des indices. La principale raison, c’est qu’il est devenu absolument impossible de faire marche arrière – les banques centrales n’ont plus que de mauvaises solutions à leur disposition pour prolonger artificiellement le cycle haussier.
Peut-être que Wall Street se garde le test des 20 000 points pour les 29 ou 30 décembre, l’objectif ayant été tutoyé à deux reprises en 48H. Malgré un petit essoufflement, les opérateurs considèrent que la tendance bullish reste bien vivante ; si Wall Street a baissé une corne la semaine dernière, les acheteurs n’ont pas baissé la tête et se tiennent prêts pour une nouvelle charge.
Au point où nous en sommes, aucun argument technique (et encore moins historique) ne semble pouvoir susciter l’amorce d’une correction d’ici la fin de l’année (8 séances).
Vous trouverez toujours des gérants pour minimiser la cherté des actions. La preuve : il y a tant de compartiments « en retard » ! Il faut dire que le rattrapage de +18% des valeurs moyennes du Russell 2000 depuis le 9 novembre dernier fait désormais apparaître de nombreuses blue chips comme relativement sous-cotées.
Ce genre de raisonnement est typiquement celui d’un marché qui se fait la courte échelle.
Résultat, à force d’être « pas chères », les actions du S&P 500 finissent par afficher des PER de 18 (l’évaluation la plus hédoniste) à 20,8 (selon Thomson Reuters), bien au-dessus des moyennes historiques de 14,7 à 16,6. Et selon les PER forward (moyenne sur 10 ans) de Schiller, le vertige nous guette. Comme nous l’avons vu jeudi dernier, les actions US sont valorisées à presque 28, ce qui n’a d’équivalent qu’en 1929 et en 2000.
Alors, bien sûr, les actions affichent un rendement imbattable depuis 2010… Ah, vraiment ?
Les choses sont en train de changer depuis 6 semaines. Les indices américains affichent des rendements compris entre 1,25% (pour le Nasdaq 100) à 2,3% pour le DJIA… alors que l’obligataire « sans risque » oscille, depuis début décembre, entre 2,50 et 2,60% sur le 10 ans US et à 3,20% sur le 30 ans.
La comparaison est moins favorable par rapport aux Gilts britanniques (1,45%) et aux émissions de l’Europe du Sud… mais avec un flux mensuel de liquidités gratuites (environ 150 Mds d’équivalent $) en provenance du Japon et de la BCE, les amateurs de carry trade (emprunter en Yen, ou en Euro pour placer son cash en Dollar) fêtent un très joyeux Noël qui leur rapporte 70 points de plus en moyenne qu’il y a 12 mois.
Ce serait vraiment bêta de ne pas en profiter. Alors oui, pour l’instant, il y a bien mieux à faire qu’acheter de l’or…
… Jusqu’à ce que le Yen ou l’Euro se remettent à grimper (ce qui finira par arriver) quand le consensus haussier sur le Dollar sera devenu trop univoque. Tout le monde pense que l’EURUSD devrait toucher la parité d’ici l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier ; nous ne devrions plus attendre très longtemps pour un rebond de l’euro par la suite.