L’invasion de l’Ukraine par Moscou pèse sur les constructeurs automobiles présents en Russie. C’est le cas particulièrement de Renault. Conséquence directe, face au risque (économique) que fait peser cette guerre, les créanciers ont revu à la hausse la prime de risque exigée pour prêter leurs fonds au constructeur français. L’évolution récente de l’obligation Renault SA (PA:RENA) d’une durée résiduelle de trois ans en témoigne.
En effet, les derniers prix observés de cette obligation sont de 91,15% du nominal sur le marché secondaire, alors qu’ils évoluaient encore aux alentours de 96% à la veille du début de la guerre russo-ukrainienne. L’investisseur peut actuellement tabler sur un rendement de 3,58%, sur base d’une maturité précisément égale au 28 novembre 2025 et d’un coupon de 1%. Cette rémunération est à mettre en regard d’une notation "BB+" chez Standard & Poor’s et "Ba2" chez Moody’s, dans la catégorie "spéculative" ("High yield").
En première ligne avec AvtoVAZ
Renault semble particulièrement exposé à la crise actuelle puisqu’il est présent en Russie, son deuxième marché après l’Union européenne, à travers AvtoVAZ. Cette filiale est numéro un sur le marché russe avec sa marque Lada et ses deux modèles les plus vendus (Vesta et Granta), lesquels représentent une part de marché de l’ordre de 28%.
La guerre menée par Vladimir Poutine à l’Ukraine a déjà forcé le constructeur au Losange à arrêter sa production dans ses usines russes. D’autres grands constructeurs européens, moins engagés toutefois que Renault, ont également mis en veilleuse leurs opérations, en raison du risque géopolitique, des problèmes de composants et des sanctions décidées par les Occidentaux à l’encontre de la Russie.
Objectifs dépassés
Ces annonces ont éclipsé les résultats annuels plutôt favorables publiés par le groupe français début février. L’entreprise qui a vendu 500.000 voitures en Russie l’année dernière a ainsi dépassé, avec deux ans d’avance, son objectif d’atteindre une marge opérationnelle supérieure à 3% en 2023. "Cette performance est liée aux premiers succès de la stratégie, favorisant la valeur au volume, et à une stricte discipline financière", lisait-on dans le communiqué des chiffres 2021. Depuis lors, Vladimir Poutine est venu brouiller la feuille de route de nombreux acteurs économiques, dont Renault.