Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Savez-vous comment déterminer si un dossier est cher ou non ? Si vous pensez d’emblée « ratios boursiers », vous avez raison. Mais, bien entendu, il y a d’autres éléments à prendre en compte. En ce qui me concerne, j’aime bien observer comment les grands actionnaires investissent. Tenez, par exemple, en ce moment, la tendance est au reclassement… Etude de cas avec GTT (PA:GTT).
Le reclassement d’actions plutôt qu’une cession classique
A quoi peut bien servir ce genre d’opérations ? Eh bien c’est très simple, imaginons que vous détenez une part significative dans un groupe de belle taille et que vous souhaitez vous défaire d’une partie ou de la totalité de vos actions. Dans ce cas, vous opterez naturellement pour un reclassement. En effet, si vous vous allégez par petits blocs alors que le volume d’actions à écouler est conséquent, une cession classique de titres pourrait prendre un certain temps. De même, mieux vaut éviter le « all in », c’est le plongeon boursier assuré. Donc, pour éviter ce genre de désagréments, les gros actionnaires confient cette tâche à un intermédiaire financier qui prendra soin de replacer leurs titres dans d’autres fonds plutôt que de les vendre directement sur le marché.
Temasek : une sortie qui pèse lourd
Prenons un exemple récent : GTT, le spécialiste des systèmes de stockage gazier. La semaine dernière, le titre a connu un trou d’air suite à la sortie de Temasek (deuxième actionnaire du groupe) de son capital. En effet, le fonds souverain de Singapour a mandaté la Société Générale (PA:SOGN) pour céder sa participation (10,38% du capital) à 55,50 € par action, soit sur une décote de l’ordre de 10% par rapport au cours observé avant reclassement. Coût de l’opération ? Quelques 210 M€. Gros coup dur pour le titre qui a rendu plus de 10% en une semaine. La faute revenant plus à l’ampleur de la décote qu’à la nature même de l’opération car, si Temasek avait directement placé ses titres sur le marché… c’était le carnage boursier assuré.
Quelle conclusion tirer d’un reclassement d’actions ?
Que peut-on donc conclure quand un gros actionnaire agit ainsi ? Eh bien que le dossier est, soit, à son prix, soit, qu’il devient un peu cher. C’est le cas de GTT, par exemple, qui arborait un cours de l’ordre de 60 € pour un PER de 20. Bien sûr, ce type de raisonnement ne s’applique que si le vendeur détient une part importante du capital. Et c’est vraiment parlant…
Ceci dit, compte tenu de ses perspectives, et le titre étant revenu sur des cours attractifs, la hausse devrait reprendre. Les analystes restent confiants sur ce dos. Et ce d’autant plus que, si l’on se fie aux dires de la direction lors de la publication des derniers résultats annuels, 2018 s’annonce sous de très bons auspices, notamment du côté de l’activité GNL. Portzamparc reste donc à « renforcer », avec un objectif de cours 60,7 €.