Par Jesse Cohen
Alors que la saison des résultats pour le 3e trimestre touche à sa fin, et avec l'intérêt des investisseurs majoritairement axé sur d'autres thèmes - notamment sur les craintes liées à la croissance à l'échelle mondiale, et les perspectives d'une hausse des taux de la Réserve fédérale - il semble que cette saison ait légèrement échappé à notre attention.
Mais pour ceux qui y ont prêté attention, la saison a eu sa part de surprises et de déceptions notables, et peut-être quelques signes supplémentaires de changements de paradigmes dans des secteurs en particulier, et dans l'économie en général.
Quelles ont donc été les plus remarquables gagnants et perdants de la saison ? Et quels sont les principaux facteurs ayant influencé les bilans des entreprises ?
Une situation générale peu réjouissante
Au total, 1.522 sociétés de Wall Street ont dépassé les attentes en matière de bénéfices au troisième trimestre, soit un taux de dépassement de 59,3 %.Cela semble plutôt impressionnant... à moins que l'on considère ce qui suit : 785 actions sont passées à côté des prévisions cette saison, soit un taux d'échec de 30,6 % par rapport aux prévisions. De plus, 260 sociétés ont rapporté des résultats simplement conformes aux attentes.
En comparaison, pendant la même période l'année dernière, pas moins de 74 % des sociétés de Wall Street étaient parvenues à dépasser les prévisions.
Source : Beskope Investment Group
Tout compte fait, cette saison de résultats pour le 3e trimestre est la plus mauvaise depuis 2009.
Selon Leigh Drogan d'Estimize (une plateforme de prévisions financières qui regroupe les prévisions fondamentales relatives aux performances d'analystes indépendants aux positions acheteuses et vendeuses), au début de cette saison de résultats, la communauté d'Estimize prévoyait « une baisse de 2,2 % des bénéfices par action (BPA) pour le trimestre et une baisse de 1,7 % des chiffres d’affaires. »
Avec la majeure partie des résultats d’ores et déjà annoncés, d'un exercice à l'autre, la croissance des bénéfices par action des sociétés du S&P 500 a été de -2,5 % environ, avec des chiffres d’affaires en baisse de 3,1 %, soit un deuxième trimestre consécutif de croissance négative des bénéfices, ce que l'on appelle une « récession des bénéfices ».
Autre source d'inquiétude, le nombre de sociétés qui ont revu à la baisse leurs prévisions en matière de bénéfices futurs au cours du troisième trimestre a augmenté de 30 % comparé à la même période un an plus tôt, ce qui signifie que les résultats des sociétés l'année prochaine pourraient être encore moins impressionnants.
Par ailleurs, 6% seulement des sociétés de Wall Street ont révisé à la hausse leurs prévisions de bénéfices, par rapport à la même période, lors de l'exercice précédent.
Ces performances peu réjouissantes se sont fait ressentir tandis que les sociétés américaines ont dû faire face à d'importants facteurs défavorables liés à l'appréciation du dollar, à la baisse des cours du pétrole et à l'incertitude entourant les perspectives de croissance mondiale, particulièrement en Chine et en Europe.
Les plus grandes déceptions : énergie, matériaux de base
La majeure partie des baisses de bénéfices est apparue au sein des secteurs de l'énergie et des matériaux de base tandis que les cours du pétrole et des métaux ont chuté pour atteindre des niveaux historiquement bas, jamais atteints depuis de nombreuses années. Chevron (N:CVX), Chesapeake Energy (N:CHK), NRG Energy (N:NRG) et Consol Energy (N:CNX) ont affiché les plus grosses pertes tandis que Freeport-McMoran (N:FCX) et Joy Global (N:JOY) sont à la traîne dans le secteur des matériaux de base.
En termes de surprises négatives, les résultats trimestriels de NRG et de Consol ont été sensiblement inférieurs aux prévisions des analystes, en raison principalement de l'environnement très affaibli du cours des matières premières, tandis que Freeport s'est effondré avec le recul des cours du cuivre et de l'argent, qui ont abandonné 29 % et 17 % respectivement au cours de l'année.
L'énergie et les matériaux pourraient connaître un meilleur sort au prochain trimestre étant donné le niveau désormais très bas des attentes, mais les cours faibles des matières premières continueront à peser sur les titres de ces secteurs.
Changement de paradigme dans le secteur du commerce de détail
Le secteur du commerce de détail a également fait face à quelques rapports désastreux, venant s’ajouter à un déplacement consistant du détaillant traditionnel au profit de la puissance croissante du commerce en ligne. Les détaillants des centres commerciaux ont fait face à un ralentissement des ventes, surtout depuis que la hausse du dollar limite le pouvoir d'achat des clients internationaux.
Macy`s (N:M), Nordstrom (N:JWN), Gap (N:GPS) et Urban Outfitters (O:URBN) font partie des grands noms du secteur qui ont dû faire face à une déception ce trimestre. Wal-Mart (N:WMT), qui a connu d'énormes difficultés cette année en raison de la concurrence croissante d'Amazon(O:AMZN), a réussi à surprendre avec un dépassement de ses prévisions de bénéfices.
Cependant, cela s'est produit après que Wall Street a révisé à la baisse les attentes quant aux résultats du détaillant. En effet, les récentes prévisions de la société prévoient une croissance nulle des ventes et une chute de 12 % des bénéfices en boutique l'année prochaine, en raison de coûts accrus.
L'un des thèmes les plus importants de la saison des résultats pour le 3e trimestre est la divergence de performances entre les détaillants traditionnels et les détaillants en ligne, comme Amazon et Alibaba (N:BABA), qui ont tous les deux rapporté une croissance robuste de leurs résultats.
La tendance est susceptible de se poursuivre au cours de la saison cruciale des achats de Noël au 4e trimestre, les clients en ligne ayant été plus nombreux que ceux des détaillants traditionnels lors du week-end du « Black Friday ». Selon la Fédération nationale du commerce de détail (National Retail Federation), plus de 103 millions de personnes ont fait leurs achats en ligne au cours de ce week-end de quatre jours, contre moins de 102 millions qui se sont aventurés dans les magasins traditionnels.
Autre risque de baisse potentielle chez les détaillants traditionnels, des niveaux élevés d'inventaire et des démarques excessives sont également prévus, maintenant la pression sur leurs marges brutes du quatrième trimestre.
Le triomphe de la technologie
Ailleurs, de nombreux grands noms dans le secteur de la technologie ont rapporté d'excellents chiffrespour la période de juin à septembre. Apple (O:AAPL), Alphabet (société mère de Google) (O:GOOGL), Microsoft (O:MSFT) et Facebook (O:FB) ne sont que quelques exemples des sociétés qui ont rapporté des résultats exceptionnels.
Les résultats d'Apple ont été fortement influencés par la forte demande pour l'iPhone en Chine ; les actions Alphabet ont atteint un plus haut historique grâce une forte hausse de ses activités de recherche mobile ; Microsoft a progressé grâce à ses résultats encourageants dans le domaine du cloud computing, tandis que Facebook a gagné du terrain grâce à une solide croissance du chiffre d’affaires associé aux publicités vidéo.
Cela ne fait que poursuivre la tendance à la hausse depuis déjà un an dans le secteur de la technologie, surtout parmi les actions FANG, (Facebook-Amazon-Netflix-Google). Apple, double entrée dans cet acronyme, est souvent échangée avec l'action Amazon pour la lettre « A » de l'expression.
L'une des plus grandes surprises dans le secteur de la technologie a peut-être été eBay (EBAY (O:EBAY)),dont les titres ont connu la plus forte augmentation en 10 ans, après avoir rapporté un bénéfice et des ventes supérieurs au consensus au troisième trimestre. Le service d’achats en ligne, qui s’est récemment séparé de sa division PayPal (O:PYPL), a également relevé ses prévisions annuelles et a racheté 599 millions de dollars US de ses propres actions.
Prévisions pour le 4e trimestre : des turbulences mais rien de préoccupant
Si l'on se penche sur les mois à venir, les perspectives pour la saison des résultats du quatrième trimestre sont plutôt sombres. Les analystes prévoient un autre trimestre de croissance négative des bénéfices, qui serait le troisième consécutif.
Malgré cela, affirme Brian Gilmartin, tout n'est pas aussi sombre qu'il n'y paraît : « les investisseurs doivent s'attendre à une croissance des revenus de base de 5 à 7 %,hors Energy et hors Apple au cours du 4e trimestre 2015. Les financières connaîtront sûrement un trimestre décent, avec Thomson Reuters prévoyant une croissance de 12 % et Factset une croissance de 10 %. »
Les résultats des entreprises continueront de faire face à des turbulences avec un dollar américain plus fort. La monnaie pourrait se renforcer encore davantage au cours de l'année à venir si la Réserve fédérale décide en effet d'augmenter ses taux d'intérêt à la mi-décembre, comme l'on peut s'y attendre. Goldman Sachs prévoit que le dollar et l'euro atteindront bientôt la parité, depuis le taux actuel de 1,09 USD.
De plus, les perspectives d'une croissance mondiale faible pèseront encore davantage sur les résultats, surtout pour les sociétés multinationales qui réalisent la plupart de leurs échanges à l'étranger. Les sociétés moins exposées aux ventes à l'étranger continueront à obtenir de meilleurs résultats durant cette fin d'année et jusque début 2016.
4e trimestre et au-delà : Gagnants et perdants potentiels
Pour le quatrième trimestre de 2015, je m'attends à ce que les résultats du secteur de la consommation non essentielle et des biens de consommation de base, tels qu'Amazon, Home Depot (N:HD), Nike (N:NKE) et Starbucks (O:SBUX), dépassent les prévisions, tandis que les actions industrielles exposées aux perspectives de croissance mondiale, telles que Caterpillar (N:CAT) et Deere (N:DE) devraient connaître un rendement décevant.
Plus loin en 2016, les prévisions actuelles indiquent encore un autre trimestre de croissance négative des bénéfices, avant de se stabiliser et de connaître une hausse au 2e trimestre de l'année prochaine.
Indices US : SPX : Epuisement de la hausse; NDX : Tendance haussière continue
Un examen technique du S&P 500 par rapport au graphique de l'indice Nasdaq 100 suggère que le secteur de la technologie réalisera de meilleurs résultats au cours du 4e trimestre par rapport au reste du marché.
Sur le graphique mensuel de l'indice du S&P 500, ci-dessus, un chandelier en doji s'est formé juste au-dessous d'une récente zone de support , et la baisse importante à laquelle nous avons assisté en août dernier indique que de nombreux vendeurs demeurent aux alentours des 2100.
Au moment de la rédaction du présent article, il semble que, sur le graphique en bougies, annuel de 2015, on observe un doji en croix, dessiné en violet sur le graphique ci-dessous :
Cette figure de chandelier - après une longue tendance à la hausse - pourrait indiquer la fin des sept années florissantes que le marché a connues depuis la crise de 2008.
Si les rapports du quatrième trimestre déçoivent comme l’envisagent de nombreux analystes, ou s’ils laissent à entendre simplement, que le moment est venu de se retirer et d'attendre des jours meilleurs, nous pourrions voir l'indice S&P tester de nouveau la zone de support (testée plus tôt cette année, en août et septembre). Une rupture sous les 1820 (la base de cette zone de demande hebdomadaire) ouvrirait la voie à de plus amples baisses – avec un premier objectif sur 1560, ligne sur laquelle une résistance est devenue support.
Si les rapports du quatrième trimestre surprennent positivement, et offrent l'espoir de meilleurs résultats pour 2016, etsi le taux d'intérêt demeure suffisamment bas, l'indice S&P 500 pourrait dépasser la zone de soutien indiquée et s’orienter vers les 2135, ouvrant alors (encore) la voie vers de nouveaux plus-hauts jamais atteints auparavant.
Cependant, le mouvement latéral actuel, caractéristique de l'activité du marché pendant la chute, ainsi que la baisse des volumes et une tendance haussière qui dure depuis 7 ans, renforcent les perspectives d'un prochain mouvement correctif.
Le scénario est un peu différent pour le Nasdaq 100. L'indice a dépassé l’espace des vendeurs entre 4700 et 4200, et il prolonge implacablement sa tendance à la hausse aux alentours des plus hauts de mars 2000 (4780-4800), ci-dessus. À l'heure actuelle, il est fortement possible que l'indice clôture au-dessus de ces niveaux record mais, à moins qu'une zone de support robuste ne se forme, les nouveaux plus hauts pourraient ne constituer qu’une simple « fausse rupture ».
Autour de ces niveaux historiques, il est conseillé aux investisseurs de garder un œil sur les graphiques hebdomadaires et mensuels afin de surveiller tout signal d'avertissement éventuel sous forme de bougies et de figures de retournement.
À l'heure actuelle, il semble que le graphique en chandeliers annuel soit sur le point de terminer une figure de « marteau » haussier(à moins que le cours ne chute à la fin du mois),qui, par lui-même à l'intérieur d'une tendance haussière, est un signe de continuation.
Le volume décroissant pourrait indiquer une certaine faiblesse, mais il n'a pas empêché le Nasdaq 100 de remonter jusqu'au sommet. Par conséquent, nous prévoyons toujours que le secteur de la technologie affiche des rapports solides pour le 4e trimestre, voire même pour le 1er trimestre de 2016.
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