L’activité américaine a été vigoureuse au premier trimestre 2013 et le chiffre du PIB, publié vendredi 26 avril, en donnera confirmation. Le profil est allé ensuite en décélérant, et la croissance du deuxième trimestre sera probablement moins rapide. Mais le ralentissement sera de courte durée et suivi d’une ré-accélération.
Les chiffres de production manufacturière en mars et les premières enquêtes pour avril sont désormais connus. L'activité industrielle dans son ensemble est restée dynamique, en hausse de 0,4% après 1,1% en février. En rythme annualisé sur trois mois, la production a accéléré à 5%, une progression deux fois plus rapide qu’à la fin de 2012. Le secteur de l'énergie explique une bonne part de cette performance, du fait d’un mois de mars particulièrement froid. Pour le seul secteur manufacturier, le profil est moins positif, avec un recul de 0,1% en mars, venant, il est vrai, après un bond de 0,9% en février. Sur une base annualisée sur trois mois, l’activité manufacturière a ralenti entre février et mars (de +7,4% à +5,6%), une évolution susceptible de se prolonger au deuxième trimestre. En effet, après un bon début d’année, l'ISM a marqué le pas en mars, avec une baisse particulièrement nette (6,4 points) de sa composante nouvelles commandes.
La détérioration du sentiment était plutôt inattendue, les enquêtes régionales annonçant de meilleurs résultats. Mais précédemment, l'ISM dépeignait une image plus positive que ces indices régionaux. Il est donc assez difficile de savoir si le recul du NEM1 en avril se traduira par une nouvelle baisse de l’ISM. Le NEM a ainsi perdu 1,5 point pour s’établir à 50 en avril. A l’exception d’une seule, toutes les composantes ont contribué à cette détérioration. Tout n’est pas noir pour autant. D'une part, les stocks sont particulièrement faibles, avec un indice à 43,9, soit au plus bas depuis décembre 2009, alors que les ventes restent dynamiques. Le ratio de ces deux indices est ainsi très faible, ce qui signifie que la production devra bientôt accélérer afin de répondre à la demande. En outre, les anticipations à six mois sont compatibles avec une croissance de l’activité plus forte. Les perspectives d'emploi restent bien orientées.
La quasi-totalité des données confirme un ralentissement au mois de mars. Il est pourtant difficile de trancher entre trou d’air passager et début d’un nouveau ralentissement printanier. En revanche, le profil de croissance au cours du premier trimestre, avec un début soutenu suivi d’une baisse de puissance, limitera la croissance au deuxième trimestre.
Croissance voisine de 3,5% au premier trimestre
Vendredi prochain, seront publiées les premières estimations du PIB au premier trimestre de 2013. Dans l'ensemble, nous attendons une croissance assez forte, à 3,5% (taux trimestriel annualisé), après le coup d’arrêt du dernier trimestre de 2012 (+0,4%). Certains des 1 L'indice NEM retrace la confiance manufacturière dans le nord-est des Etats-Unis. Nous le construisons à partir des enquêtes menées par les Fed de New York et de Philadelphie, en suivant la méthode de construction de l'ISM. freins qui avaient alors pesé sur la croissance se sont faits moins forts : après avoir réduit la croissance de 1,3 point, les dépenses publiques auront moins pesé (contribution attendue à -0,5 point), tandis que la variation de stock aura apporté une contribution positive (+0,8 point, après -1,4 points au quatrième trimestre 2012). Dans le même temps, la consommation aura accéléré à 2,2% (après +1,8%) tandis que l’investissement des entreprises aura progressé sensiblement au même rythme (+13%). La contribution du commerce extérieur devrait avoir été légèrement positive, les exportations progressant plus rapidement que les importations.
Cette vigueur devra probablement être payée de retour mais de façon limitée selon nous. Nous attendons 2% de croissance au deuxième trimestre. La sous-performance de mars indique néanmoins un risque à la baisse sur cette prévision. Le principal élément à surveiller sera la consommation. En effet, une reprise de l’investissement des entreprises est en cours, alors que nos prévisions intègrent d’ores et déjà les coupes dans les dépenses publiques (sequester). La fin du taux réduit de cotisation sociale2 n’a pas eu, pour l’heure, de conséquence sur la consommation. Grâce aux versements anticipés de bonus et de dividendes en décembre 2012, les ménages ont bénéficié d’un surcroît d’épargne qui leur a permis de maintenir leurs dépenses alors même que leurs revenus nets baissaient. La consommation n'a ainsi aucune raison de marquer le pas dans les mois à venir, à moins d'une détérioration soudaine du marché du travail. A cet égard, le rapport emploi de mars était inquiétant. Mais depuis, les données hebdomadaires d’inscriptions à l’indemnisation du chômage sont reparties à la baisse, alimentant un certain d'optimisme.