par Guillaume Frouin
NANTES (Reuters) - Renault (PA:RENA) a ouvert lundi une chaire avec l'Ecole centrale de Nantes pour améliorer la performance de la propulsion des véhicules électriques, un domaine où le constructeur français demeure leader en Europe avec 27% du marché.
Dotée de 4,6 millions d'euros, cette chaire fera travailler les équipes de l'entreprise pendant cinq ans avec une trentaine de chercheurs de l'école d'ingénieurs nantaise.
"Ce qu'il faut absolument faire, c'est optimiser le mode de fonctionnement entre toutes ces briques technologiques (batterie, moteur,...) pour gérer l'énergie embarquée et la restituer au véhicule", a expliqué Philippe Schulz, directeur de l'ingénierie électrique et hybride chez Renault.
"Notre objectif, c'est de continuer à faire des véhicules électriques qui soient abordables par Monsieur Tout-le-monde (...), ce n'est pas de faire des véhicules de niche."
Leur autonomie limitée - 240 kilomètres pour le dernier moteur électrique lancé en 2015 par Renault - et le coût important des batteries, qui représentent environ la moitié du prix de la voiture, ont constitué d'importants freins au décollage d'une technologie pourtant bien placée pour profiter des déboires du diesel et de la volonté croissante des municipalités de pouvoir interdire les centres-villes aux moteurs thermiques.
Philippe Schulz promet "des innovations technologiques tous les ans" grâce aux chercheurs nantais, et cela dès l'année prochaine.
"Nous serons surpris par l'ampleur de la déferlante : à l'horizon 2020-2022, l'offre deviendra assez évidente pour les clients : l'électrification va devenir mainstream, elle va devenir majeure, elle va devenir essentielle dans notre portefeuille technologique", a-t-il ajouté.
Philippe Schulz - qui s'est refusé à pronostiquer une quelconque "fin du diesel" - s'est également gardé d'annoncer des objectifs en termes d'autonomie kilométrique, promettant simplement des annonces à l'occasion du salon de l'auto de Paris à la fin du mois.
"Les annonces que nous allons faire au Mondial de l'automobile vont permettre de lever un verrou assez fort", a-t-il déclaré aux journalistes. "A l'horizon 2020, les niveaux d'autonomie du véhicule électrique seront compatibles avec les usages de 90% de la population."
"En réalité, c'est d'ores et déjà le cas, quand on regarde les trajets quotidiens moyens effectués par les propriétaires de véhicules, qui font moins de 80 km par jour", a-t-il ajouté. "Il y a 80.000 bornes de recharge installées aujourd'hui en Europe, soit quasiment autant que de stations-service."
Chaque station-service compte toutefois généralement plusieurs pompes, et la durée de remplissage d'un réservoir reste sans comparaison avec le temps de recharge d'une batterie, même en mode rapide.
Le directeur de l'ingénierie électrique et hybride de Renault a également précisé que Nissan (T:7201) serait potentiellement bénéficiaire de ces innovations technologiques, alors que la Leaf du constructeur japonais est actuellement la voiture électrique la plus vendue en Europe, devant la Zoé de Renault.
Quelque 50.000 nouvelles immatriculations de véhicules électriques ont été enregistrées en Europe au premier semestre, soit une augmentation de 11% par rapport à la même période de l'an passé. La France est redevenue en volume le premier marché européen, repassant devant la Norvège. Mais en France, les véhicules électriques pèsent 1% des immatriculations de voitures neuves, contre 13% du marché norvégien.
(Avec Gilles Guillaume, édité par Dominique Rodriguez)