Santander, premier groupe bancaire par capitalisation de la zone euro, a annoncé lundi la démission de son directeur général Alfredo Saenz, et son remplacement par Javier Marin, responsable de la division assurance, gestion d'actifs et banque privée du groupe.
Alfredo Saenz, âgé de 70 ans, occupait le poste de directeur général de Santander depuis 2002. Il était jusqu'ici présenté comme le favori pour succéder à Emilio Botin, 78 ans, à la présidence de la banque.
Condamné en 2011 à trois mois de prison avec sursis et interdit d'exercer, pour une affaire remontant à 1994, Alfredo Saenz avait été gracié quelques mois plus tard par le gouvernement espagnol.
"Alfredo Saenz Abad a informé le conseil d'administration de la banque, réuni (lundi) à Santander, qu'il renonçait à ses responsabilités de vice-président et de directeur général, et qu'il cessait de faire partie du conseil", a déclaré Santander dans un communiqué, sans préciser les motifs de cette démission.
Le dirigeant, qui a touché une rémunération totale de 8,2 millions d'euros en 2012, a par ailleurs acquis le droit de toucher 88,2 millions d'euros à l'occasion de son départ à la retraite, selon le rapport annuel de Santander.
"Le conseil a décidé de nommer comme nouveau directeur général Javier Marin Romano, qui est entré dans Grupo Santander en 1991 et qui, jusqu'à ce jour était directeur général de la division globale d'assurance, de gestion d'actifs et de la banque privée", ajoute lundi Santander.
Né en 1966, Javier Marin est licencié en droit et diplômé en gestion d'entreprise, selon son curriculum.
La condamnation d'Alfredo Saenz concernait le dépôt d'une fausse plainte contre des clients afin de récupérer des crédits impayés, alors qu'il était président de Banesto, banque rachetée en 1994 par Santander.
Le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero l'avait gracié en novembre 2011, quelques jours après sa défaite aux élections législatives, commuant sa peine en amende.
Mais le Tribunal Suprême a partiellement annulé cette grâce en février dernier, estimant que le gouvernement était sorti de ses compétences en annulant les conséquences administratives de la condamnation, c'est-à-dire l'interdiction d'exercer.
Le 12 avril, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, qui a succédé à Zapatero, a toutefois adopté un décret qui permet aux banquiers ayant un casier judiciaire de continuer à exercer.
Ce décret prévoit que ce soit la Banque d'Espagne qui, au cas par cas, décide si un banquier sous le coup d'une condamnation judiciaire ou d'une enquête pour des délits de nature économique peut continuer ou non à exercer ses fonctions.
Il avait été interprété comme une décision favorable à Alfredo Saenz, qui levait les obstacles à son accession à la présidence de Santander.
Le groupe a par ailleurs nommé "second vice-président" Matias Rodriguez Inciarte, responsable de la gestion des risques, et "troisième vice-président" Guillermo de la Dehesa Romero, membre indépendant du conseil d'administration.
Ce dernier prendra également la présidence de la commission d'audit, après la démission de Manuel Soto Serrano.