Ronaldo contre Messi, Brésil contre Espagne: au Mondial-2014 le duel sera également économique entre l'Américain Nike et Adidas, l'équipementier allemand, sponsor officiel de la Coupe du monde, pour la première fois devancé par la marque à la virgule en nombre d'équipes qualifiées.
Dix équipes pour Nike, huit pour Adidas: la bataille fera rage entre les deux géants pour un marché du football estimé à plusieurs milliards de dollars.
Nike, leader mondial du textile de sport, est un petit nouveau dans le foot, un créneau dominé par Adidas, où il n'a débarqué que dans les années 90. Mais la progression est rapide et la marque de Portland (Oregon) pense même que son chiffre d'affaires annuel issu du ballon rond, de près de 2 milliards de dollars (1,44 milliard d'euros), pourrait bientôt dépasser celui qu'elle tire du basket-ball, le sport qui l'a lancée.
"Cela pourrait se produire très rapidement dans le futur", a prévu Trevor Edwards, président de Nike Brands, dans un entretien avec l'AFP jeudi à Barcelone.
- Chaussures: Magista contre Primeknit -
Adidas a certes encore affirmé cette semaine, via Herbert Hainer, son directeur général, qu'elle jouerait "un rôle dominant" au Mondial-2014. La marque allemande sera sur tous les terrains avec "Brazuca", le ballon officiel de la compétition. Et avec l'Espagne elle défendra son titre de vainqueur de la Coupe du monde, compétition que Nike n'a remportée qu'une fois, en 2002, avec le Brésil.
Mais elle sera devancée en nombre d'équipes. Australie, Brésil, Croatie, Angleterre, France, Grèce, Pays-Bas, Portugal, Corée du Sud et Etats-Unis pour Nike. Espagne, Argentine, Colombie, Allemagne, Japon, Mexique, Nigeria et Russie côté Adidas. Une domination qui a fait dire jeudi à Trevor Edwards que le fameux "swoosh" est désormais "la marque de football leader dans le monde".
La lutte entre les deux marques se situera également côté crampons. Jeudi, Nike, qui chausse déjà le Portugais Ronaldo, lançait ainsi son dernier produit, dans la capitale catalane, avec la "Magista", la chaussure qui équipera l'Espagnol Iniesta (FC Barcelone) au Mondial. Quelques heures auparavant, Adidas, qui chausse l'Argentin Messi, avait dévoilé sa "Primeknit", qui sera portée au Brésil par l'Uruguayen Luis Suarez.
Avec des ventes record attendues durant les quatre semaines du Mondial, chaque but ou dribble de ces VRP de luxe sera donc examiné avec attention.
"La Coupe du monde est l'occasion de capturer cette énergie du football et d'utiliser cette énergie pour nous connecter avec nos clients", a insisté Trevor Edwards à l'adresse de l'AFP.
- Mondial, puis JO -
La Coupe du monde permet d'avoir "un impact à long terme en matière d'image de marque et de fidélisation du consommateur", confirme Magdalena Kondej, du cabinet Euromonitor, spécialiste des analyses de marchés.
Et peu de marchés nationaux seront autant visés que celui du Brésil, grand favori de la compétition et pouvoir économique grandissant. D'ici au 12 juin, coup d'envoi du Mondial, Nike espère ainsi avoir réalisé un chiffre d'affaires annuel de 1 milliard de dollars au pays du "futebol".
"Sur les deux années suivantes, qui mèneront aux jeux Olympiques de Rio de Janeiro, le marché brésilien sera probablement le troisième", derrière les Etats-Unis et la Chine, assure Trevor Edwards.
De fait, selon Euromonitor, le marché brésilien du textile sportif devrait croître en 2014 de 1,4 milliard de dollars, ou 12,5%. Un marché sur lequel Nike avait une part de 12,1% en 2013, contre 5,5% pour Adidas.
"Le sponsoring par Nike de la Seleçao, l'équipe nationale, est bien sûr un avantage massif", explique Mme Kondej, selon qui "il sera difficile à Adidas de rattraper son retard". La marque allemande devra "hausser son jeu" sur les réseaux sociaux, des outils désormais incontournables pour attirer l'attention des consommateurs, poursuit cette analyste, soulignant que le compte Twitter de Nike a près de 3 millions de "followers" contre 780.000 pour celui d'Adidas.