PARIS (Reuters) - L'action Carrefour (EPA:CARR) recule fortement mardi à la mi-journée, accusant la plus importante baisse du CAC 40, alors que le PDG du groupe, Alexandre Bompard, a alerté sur une baisse de la consommation en France, notamment sur les produits de première nécessité en raison des prix élevés.
A la Bourse de Paris, vers 10h00 GMT le titre cède 3,2% à 17,64 euros contre un gain de 0,4% pour le CAC 40.
"C'est un tsunami de déconsommation. Quand l'essentiel n'est plus accessible, il faut agir vite", a déclaré sur Franceinfo le patron du géant français de la distribution, évoquant une inflation alimentaire à 20% sur deux ans.
Alexandre Bompard a également souhaité un moratoire d'un an sur l'application de la loi Descrozailles qui conduit à limiter les promotions notamment sur les produits de beauté, d'hygiène et de soins.
Le PDG de Carrefour et d'autres dirigeants des chaînes de supermarchés doivent rencontrer mercredi le ministre des Finances, Bruno Le Maire, pour discuter du coût élevé de la vie.
La loi Descrozailles, votée en mars 2023 et qui devrait entrer en vigueur en mars 2024, limite notamment à 34% l'ampleur des promotions qu'un distributeur peut proposer sur ce type de produits, alors que Carrefour est par exemple libre de vendre aujourd'hui un baril de lessive en poudre avec une réduction de 60%, a expliqué Alexandre Bompard.
Selon lui, le maintien de la hausse des prix dans les rayons est également liée aux industriels qui cherchent à "gagner du temps" en refusant de renégocier malgré le repli des cours des matières premières.
"Les baisses de cours, elles ont commencé maintenant pour certaines, il y a 9 mois. Les industriels ont décidé, c'est leur choix, de ne pas répercuter les baisses", a-t-il dit.
"C'est un choix, j'allais dire économique, de ne pas accompagner les baisses de cours de matière première en disant au fond la renégociation, elle aura lieu comme elle devait avoir lieu en mars prochain, on va gagner un peu de temps", a-t-il ajouté.
L'action Carrefour pourrait aussi être malmenée en raison d'un article du Monde publié ce mardi qui reprend une enquête du média d'investigation "Reporter Brasil", accusant l'un des fournisseurs de Carrefour, le groupe Frialto, de s'approvisionner en viande auprès d'un éleveur soupconné de déforestation.
Dans un courriel adressé au Monde, Carrefour dément avoir "acheté de la viande provenant des fermes mentionnées" par l'enquête.
"L’association de l'entreprise à des pratiques criminelles est fausse et irresponsable", ajoute le distributeur français.
(Rédigé par Claude Chendjou, avec Dominique Vidalon, édité par Blandine Hénault)