PARIS (Reuters) - L'économie américaine a créé plus d'emplois que prévu en mars, tandis que la croissance des salaires a accéléré, montre vendredi le rapport mensuel du département du Travail.
Ces données laissent à penser que l'économie a bouclé le premier trimestre sur des bases solides, ce qui pourrait décaler le calendrier de la baisse attendue des taux d'intérêt cette année.
Le rapport recense 303.000 emplois non-agricoles créés le mois dernier aux Etats-Unis, contre 270.000 (révisé de 275.000) en février, alors que les économistes interrogés par Reuters en prévoyaient en moyenne seulement 200.000.
Le taux de chômage a baissé à 3,8% en mars, contre 3,9% le mois précédent. Le consensus Reuters était de 3,9%.
La hausse du salaire horaire moyen a, quant à elle, accéléré, à 0,3% en mars, après +0,2% en février, contre un consensus de +0,3%. Sur une base annuelle, sa progression atteint 4,1% après +4,3% le mois précédent et un consensus de 4,1%.
Après la publication de cette statistique, à Wall Street, les contrats à terme sur les principaux indices réduisent leurs gains, suggérant désormais une ouverture en hausse de 0,20% pour le Dow Jones, de 0,31% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,36% pour le Nasdaq, au lendemain d'une séance en net repli.
Le rendement des bons du Trésor à dix ans s'affiche à 4,3895%, en hausse de près de huit points de base.
Le dollar se raffermit, de 0,29%, face à un panier de devises internationales.
Ces nouvelles données témoignant d'une économie toujours vigoureuse sont publiées alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) s'emploie depuis mars 2022 à freiner la demande pour faire refluer l'inflation.
Le taux des "fed funds" a ainsi augmenté de 525 points de base depuis cette date pour atteindre 5,25%-5,50%. Ce niveau particulièrement élevé du loyer de l'argent a permis d'atténuer les pressions inflationnistes sans pour autant précipiter l'économie en récession, au point que les marchés doutent désormais des projections de la Fed d'une baisse de ses taux directeurs à trois reprises cette année.
D'après le baromètre Fedwatch de CME Group, les traders tablent désormais avec une probabilité de seulement 54,5% sur une première baisse des taux de la Fed en juin, contre plus de 70% la semaine dernière.
Selon les économistes, la plupart des entreprises ont bénéficié de coûts d'emprunt bas avant le cycle de resserrement monétaire de la Fed, ce qui les a protégées de la hausse des taux et leur a permis de conserver leurs salariés.
Côté ménages, le bilan est également globalement bon, ce qui contribue à soutenir les dépenses de consommation. Le marché du travail a par ailleurs bénéficié d'une augmentation de l'immigration au cours de l'année écoulée.
(Rédigé par Claude Chendjou, avec la contribution de Lucia Mutikani, édité par Sophie Louet)