par Cyril Altmeyer et Tim Hepher
PARIS (Reuters) - Airbus a annoncé mardi viser plus de 650 livraisons d'avions en 2016, soit plus qu'en 2015, avec un "book to bill" d'au moins un, en essayant comme son concurrent Boeing (N:BA) d'augmenter sa production pour écouler les commandes passées.
La dynamique commerciale des deux constructeurs s'est quelque peu essoufflée, le ralentissement économique mondial et le bas niveau des prix du pétrole pesant sur la demande pour leurs nouveaux avions plus économes en carburant.
Le patron d'Airbus Fabrice Brégier s'est toutefois montré confiant dans les perspectives de ventes d'avions en Chine, malgré la crise financière dans le pays, soulignant que les loueurs d'avions chinois avaient pris le relais de leurs concurrents américains et européens.
"Les Chinois ont beaucoup de liquidités et les ont placées dans le marché du 'leasing', encore très récemment", a-t-il expliqué lors de la conférence de presse annuelle du groupe.
"C'est un signe montrant que la vision qu'on a, d'une chute de la Bourse et d'un effondrement général, est déconnectée de l'économie réelle", a ajouté Fabrice Brégier, soulignant que l'appétit de la classe moyenne chinoise et asiatique pour le voyage n'avait, lui, pas diminué.
Airbus précise dans un communiqué avoir livré 635 avions en 2015 contre 629 en 2014, tandis que Boeing affiche 762 livraisons, dépassant l'européen pour la quatrième année d'affilée, les deux rivaux augmentant leur production pour écouler les commandes passées.
Airbus a réalisé 45% des livraisons totales, sa plus faible part de marché face à Boeing depuis 2002, la proportion diminuant même à 35% pour les très gros porteurs, au plus bas depuis 2001, en raison de la montée en puissance du 787 de Boeing.
MEILLEURE DYNAMIQUE COMMERCIALE QUE BOEING
Airbus a notamment livré l'année dernière 14 exemplaires de son long-courrier A350 mis en service fin 2014 - à comparer à un objectif d'une quinzaine - et 27 très gros porteurs A380 (au lieu d'une trentaine prévue), un niveau prévu pour être maintenu en 2016 et en 2017.
Cette année, Airbus compte livrer au moins 50 A350 en 2016, avec un rythme mensuel de 10 unités toujours prévu fin 2018.
L'avionneur prévoit le premier vol de l'A350-1000, version longue de l'avion, au quatrième trimestre, avec une entrée en service prévue mi-2017, et réfléchit à une version encore plus grande, sans toutefois de décision prévue prochainement.
En termes de dynamique commerciale, Airbus a cependant dépassé son rival américain avec 1.036 commandes nettes (contre 768 pour Boeing), portant son carnet de commandes à 6.787 appareils, d'une valeur totale de 996,3 milliards de dollars (915 milliards d'euros) aux prix catalogue.
L'avionneur a également annoncé une hausse de 1,1% de ses prix catalogue pour l'année 2016.
Airbus a notamment engrangé deux commandes nettes d'A380, le programme ayant atteint comme prévu l'équilibre financier en 2015.
Fabrice Brégier a précisé que la version remotorisée de l'A320, l'A320neo, sera livrée d'ici deux semaines, tandis que le responsable des programmes Didier Evrard a dit à Reuters que l'avion était "techniquement prêt".
Airbus espérait le livrer avant la fin 2015 mais des difficultés du motoriste Pratt & Whitney (groupe United Technologies) l'en ont empêché.
MESSAGE FERME À ZODIAC AEROSPACE
Fabrice Brégier a également dit espérer que Zodiac Aerospace, qui a accusé des retards dans les équipements de cabine (notamment les toilettes et les sièges de l'A350), ferait "bien mieux" en 2016 qu'en 2015.
"J'ai été extrêmement patient avec Zodiac l'année dernière parce que je croyais qu'ils avaient compris le message", a-t-il expliqué.
Zodiac avait bien pris en compte les défis et les plans d'amélioration d'Airbus mais il lui a fallu très longtemps pour les appliquer, a regretté le patron d'Airbus.
"Ils étaient dans le déni et quand la direction d'une entreprise est dans le déni, c'est l'échec assuré", a-t-il dit.
L'avionneur a d'ailleurs retiré Zodiac de sa liste d'équipementiers sélectionnés pour l'A330neo, version remotorisée de son long-courrier, pour que l'équipementier reste concentré sur les programmes déjà en cours de production.
Un porte-parole de Zodiac s'est refusé à commenter les propos de Fabrice Brégier, soulignant que le PDG du groupe, Olivier Zarraouti, ferait le point sur le sujet jeudi lors de l'assemblée générale.
Zodiac Aerospace, qui a communiqué durant 2015 sur ses retards dans les sièges, a fait état mi-décembre de retards dans la livraison des toilettes de l'A350.
Airbus Group (PA:AIR) s'adjuge 2,6% à 59,62 euros vers 15h25 à la Bourse de Paris, surperformant légèrement le CAC 40 (+2%), tandis que Zodiac perd 0,22% à 20,045 euros.
(Edité par Pascale Denis)