par Joseph Nasr
BERLIN/FRANCFORT (Reuters) - Le nombre de chômeurs a baissé plus que prévu en mai en Allemagne, où le taux de chômage ajusté, à 6,1%, est au plus bas depuis la réunification du pays en 1990,,une donnée qui permet de penser que la consommation des ménages continuera d'être le principal moteur de croissance de la première économie européenne.
En données ajustées, le nombre de chômeurs a reculé de 11.000 d'un mois sur l'autre en mai, à 2,695 millions de personnes, a précisé mardi l'Office fédéral du travail. Les économistes interrogés par Reuters avaient anticipé un repli de 5.000.
"Le marché du travail poursuit son développement globalement positif", note Frank-Jürgen Weise, directeur général de l'Office fédéral du travail, cité dans un communiqué.
"Le chômage a reculé au cours du printemps. L'emploi a fortement augmenté et la demande de force de travail a également connu une hausse significative."
Avant de s'établir à 6,1% pour le mois de mai, le taux de chômage ajusté était resté pendant quatre mois de suite à 6,2%.
D'autres données de l'Office fédéral de la statistique ont montré que l'emploi ajusté des variations saisonnières, tel que mesuré par le Bureau international du travail (BIT), avait augmenté de 41.000 pour s'établir à plus de 43,4 millions en avril.
Le gouvernement allemand voit l'emploi atteindre cette année un niveau record de 43,54 millions et ensuite près de 44 millions en 2017.
Si cette hypothèse se vérifie, les ménages devraient consommer encore davantage, ce qui se traduira par une hausse des recettes fiscales de l'Etat fédéral, qui pourra de ce fait augmenter les dépenses publiques alors qu'il a récemment été reproché à Berlin de ne pas avoir suffisamment investi pour préparer l'avenir.
L'économie allemande a enregistré en 2015 une croissance de 1,7%, soit le rythme le plus soutenu en quatre ans, à la faveur de la consommation des ménages, qui semble avoir pris le relais du commerce extérieur comme pilier de la croissance du pays, mais aussi des dépenses publiques consacrées à l'accueil et à l'intégration des réfugiés.
Sur les trois premiers mois de l'année, toujours en partie grâce à la consommation des ménages, le produit intérieur brut (PIB) a connu sa plus forte augmentation trimestrielle en deux ans, avec une hausse de 0,7%.
Avant la publication des données sur le marché du travail, une autre statistique, celle des ventes au détail, est venue apporter une ombre au tableau : pour le deuxième mois de suite, ces ventes ont subi en avril un recul à la fois sensible et inattendu.
Jörg Zeuner, économiste chez KfW, juge cependant que "l'impulsion économique vient à point nommé", ajoutant "que cela devrait apaiser les inquiétudes relatives au marché du travail induites par une immigration élevée et le salaire minimum".
Plus d'un million de réfugiés sont arrivés en Allemagne l'an dernier, où un salaire minimum horaire de 8,50 euros a été mis en place au niveau national.
(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Patrick Vignal)