ArianeGroup prépare activement la production des premiers lots de la future Ariane 6, dont l'entrée en service est attendue en 2020, et table sur l'engagement contractuel fin juin des partenaires européens du programme pour des lancements institutionnels.
"Nous sommes toujours dans les temps pour un premier lancement en juillet 2020", a déclaré son patron, Alain Charmeau, mardi lors d'une rencontre avec des journalistes. "Le calendrier est toujours tenu et les performances d'Ariane 6 sont toujours tenues."
La phase de transition entre l'actuelle Ariane 5 et le futur lanceur a été validée par l'Agence spatiale européenne (ESA) et il faut à présent "définir les conditions de démarrage de l'exploitation du lanceur Ariane 6", c'est-à-dire la phase de production et de commercialisation, a-t-il indiqué.
En décembre 2014, l'Europe spatiale a décidé à Luxembourg de se doter d'un nouveau lanceur beaucoup moins coûteux que l'actuelle Ariane 5. L'objectif est de réduire les coûts de 50%, alors que l'Europe spatiale est sous la pression de la concurrence internationale dans le domaine des lanceurs, notamment celle du groupe américain SpaceX.
Les partenaires européens du projet Ariane 6, ESA, Commission européenne, Etats et agences nationales se sont engagés auprès des industriels sur des lancements annuels, indispensables aux yeux des industriels pour viabiliser le programme du futur lanceur européen. Mais il leur reste à contractualiser ces engagements.
"Ce que l'on attend, c'est effectivement de déterminer les conditions d'exploitation d'Ariane 6", a expliqué Alain Charmeau. "Ce qu'il faudra, c'est avant fin juin avoir un accord entre les Etats et l'industrie sur le partage des rôles, les fameuses commandes pluriannuelles attendues avec cinq Ariane 6 et deux Vega C par an (...) de façon à pouvoir lancer un premier lot de fabrication de lanceurs Ariane 6 couvrant les années 2021 et 2022".
Cela représente selon lui 14 lanceurs, dont cinq en 2021 et huit en 2022. Le premier lanceur, dont le vol est prévu à l'été 2020, est lui déjà entré en production.
"Ce ne serait pas mal d'arriver à lancer ce lot de 14 lanceurs (...) sur la base de commandes partagées entre les commandes institutionnelles et l'engagement de prises de commandes commerciales par l'industrie. C'est ce que nous attendons", a insisté Alain Charmeau.
- Garantir un accès autonome à l'espace -
Une réunion mi-mars consacrée à cette phase de transition n'a pas permis aux Etats membres de s'entendre, mais une seconde réunion est prévue à l'occasion du salon aéronautique de Berlin fin avril, qui devrait cette fois aboutir.
A titre de comparaison, le patron d'ArianeGroup a fait valoir que les lancements institutionnels représentaient 57% de tous les lancements aux Etats-Unis, 79% en Russie et 89% en Chine, contre 27% seulement en Europe.
Avec comme conséquence paradoxale que la maison-mère d'Arianespace, dont elle détient 74% du capital, a impérativement besoin du marché commercial pour pallier la faiblesse du marché institutionnel et préserver ainsi un accès autonome à l'espace pour les Européens.
"Il y a une dissymétrie, pour ne pas dire une asymétrie avec nos concurrent qui bénéficient de marchés institutionnels. C'est l'inverse en Europe, nous avons besoin du marché commercial pour exister", a souligné Alain Charmeau.
"C'est cette garantie d'accès dans l'espace qui se joue quand on parle du programme Ariane 6 et de souveraineté de l'Europe en matière de lanceurs", a-t-il plaidé.
ArianeGroup, issue de la fusion des activités lanceurs d'Airbus (PA:AIR) et Safran (PA:SAF), a réalisé un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros en 2017, première année d'activité en tant qu'entité intégrée. Selon Alain Charmeau, son activité connaîtra une légère augmentation en 2018.
Au total, le carnet de commandes d'ArianeGroup s'élève à un peu plus de 10 milliards.