Au Kenya, la rivalité entre Uber et les taxis prend une vilaine tournure

Publié le 04/02/2016 09:19
Mis à jour le 04/02/2016 09:30
Au Kenya, pays féru de nouvelles technologies, Uber a fait une entrée fracassante sur le marché en 2015, au grand dam des chauffeurs de taxi (Photo SIMON MAINA. AFP)

Au Kenya, pays féru de nouvelles technologies, Uber a fait une entrée fracassante sur le marché en 2015, au grand dam des chauffeurs de taxi (Photo SIMON MAINA. AFP)

Au Kenya, pays féru de nouvelles technologies, Uber a fait une entrée fracassante sur le marché en 2015, au grand dam des chauffeurs de taxi, accusés de répliquer en multipliant les actes de vandalisme et les agressions envers leurs concurrents.

La société californienne de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a fait son apparition au Kenya en janvier 2015, à Nairobi seulement, et a rapidement trouvé son public, que ce soit les nombreux expatriés de la capitale ou la classe moyenne kényane.

Voir des gens recourir à leur smartphone pour commander une voiture sur les nombreuses routes en terre que compte encore Nairobi peut paraître incongru. Mais le Kenya est un pays à la pointe en matière de high-tech, avec comme fleuron M-Pesa, un système de transfert d'argent par téléphone mobile.

Uber, née en 2009 à San Francisco et déjà présente dans 371 villes et 68 pays, a rencontré une forte résistance des taxis traditionnels au Kenya, comme ailleurs, en France, au Brésil ou en Afrique du Sud notamment.

Ils accusent Uber de concurrence déloyale avec des prix près de deux fois inférieurs aux leurs à Nairobi, mais ont été accusés ces derniers jours de harceler, dévaliser et brutaliser des chauffeurs Uber, pour la plupart d'anciens taxis, ou de s'attaquer à leurs voitures.

"Une voiture s'est arrêtée devant moi et m'a bloqué l'accès à la sortie. Quelques gars sont sortis et ont lacéré mes deux pneus gauches, avant et arrière", explique à l'AFP Martin, un chauffeur Uber, qui, comme ses collègues, préfère n'être identifié que par son prénom.

- 'Comme des hooligans' -

"Je comprends leur frustration, mais comme pour tout commerce, il faut autoriser la concurrence pour avancer", estime-t-il.

Un de ses confrères, Victor, emploie lui-même pour Uber trois chauffeurs, dont l'un a été agressé. "Ils l'ont éjecté de la voiture. Il a été tabassé et on lui a pris de l'argent et son téléphone", raconte-t-il à l'AFP, avant d'évoquer plusieurs incidents similaires.

"La plupart des chauffeurs Uber ont peur. Pendant la journée, il n'y a pas d'incident. Mais la nuit, il y a des intimidations, des menaces. Nous n'avons aucun moyen d'assurer notre sécurité. Certains de ces chauffeurs de taxi se comportent comme des hooligans."

La police kényane a reconnu avoir reçu de "nombreuses plaintes de chauffeurs Uber" pour harcèlement et agression et a assuré prendre cette affaire "très au sérieux", selon un porte-parole, Charles Owino.

Le ministère de l'Intérieur a lancé "une forte mise en garde à l'encontre des responsables de ces attaques", prévenant que "des actes aussi barbares ne seront pas tolérés".

Uber, compagnie valorisée à plus de 50 milliards de dollars et présente dans cinq pays africains (Egypte, Maroc, Afrique du Sud, Nigeria et Kenya), a pour sa part veillé à ne pas jeter de l'huile sur le feu.

- Ultimatum des taxis -

"Nous discutons depuis l'an passé avec les associations de taxis pour trouver le moyen d'engager un partenariat. Nous ne pensons pas que cela devrait être Uber ou taxi, mais plutôt Uber et taxi", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Les taxis, eux, ont lancé mercredi un ultimatum au gouvernement, lui donnant sept jours pour faire fermer ses portes à Uber, sans quoi ils menacent de paralyser le transport routier à Nairobi, déjà très difficile en temps normal.

Job Nzioka, le secrétaire national de la principale association de taxis, a nié les agressions. "Sur le terrain, nous n'avons pas été témoins d'attaques contre les voitures Uber", a-t-il assuré à l'AFP, estimant les chauffeurs de taxi "assez mûrs, respectueux des règles et disciplinés" pour ne pas se livrer à ces pratiques.

D'un côté comme de l'autre, on s'accuse mutuellement de ne pas respecter la réglementation. Mais chez Uber, on voit la résistance des taxis avant tout comme un refus de s'adapter à la modernité.

"Il est très difficile de se battre contre la technologie", estime pour l'AFP un autre chauffeur Uber, Daniel. "La seule manière de survivre avec l'arrivée de la technologie c'est de l'adopter, parce qu'on ne peut pas être ramené au passé".

"C'est malheureux que la plupart des gens opposés à Uber ne comprennent pas son concept. Uber est une plateforme ouverte. Uber ne ferme ses portes à personne. Tout le monde est le bienvenu", dit-il, tout en espérant qu'avec un peu "d'ouverture d'esprit" ce conflit pourra être réglé.

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés