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Le monopole des pharmaciens à nouveau en débat

Publié le 28/07/2014 18:43
Le monopole des pharmaciens à nouveau en débat

La vente en grande surface de certains médicaments, comme le Doliprane ou le Nurofen, évoquée dans un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF), remettrait en cause le monopole des pharmaciens, qui dénoncent un risque pour la santé publique et qui pourraient voir leurs revenus baisser.

Selon Les Echos lundi, dans son rapport sur les professions réglementées, l'IGF recommande d'ouvrir à la concurrence la vente de médicaments dont la prescription est facultative (Doliprane, Spasfon, etc.) et celle de médicaments non remboursables (Nurofen, Humex, Fervex, etc.), représentant 5 à 9% du chiffre d’affaires des pharmacies.

Malgré des volumes non négligeables (50 millions de boîtes de Doliprane non prescrites vendues annuellement, 5,8 millions pour le Nurofen), 75% du chiffre d'affaires des pharmaciens proviennent des médicaments remboursés et prescrits.

L'IGF souligne que "les prix des médicaments non remboursables ont augmenté deux fois plus vite que le coût de la vie depuis quinze ans" - une hausse visant à compenser la baisse des prix des médicaments remboursables. Ouvrir à la concurrence la vente de certains médicaments entraînerait une baisse des prix pour les consommateurs, selon le rapport.

Le monopole des pharmaciens avait déjà été attaqué en décembre par l'Autorité de la concurrence qui préconisait "une ouverture limitée et encadrée de la distribution au détail de médicaments". Cela aurait pour effet "une baisse des dépenses d'automédication des Français de plus de 16%", soit une économie de 270 millions d'euros pour les patients, affirmait alors l'UFC-Que Choisir.

Fervent partisan de l'ouverture, Michel-Edouard Leclerc a affirmé lundi sur son blog que les médicaments pourraient "être vendus 20 à 25% moins cher" dans les Centres E.Leclerc, "sous le contrôle de leurs docteurs en pharmacie", niant tout risque de surconsommation ou menace pour la profession de pharmacien.

Mais pour Philippe Besset de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, la libéralisation représente bien "un danger sanitaire" et "un appel à la surconsommation", alors que la France demeure l'un des premiers consommateurs européens de médicaments.

"On est dans une chaîne de soins et de santé, on a un suivi des patients et de conseil", renchérit Gilles Bonnefond de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.

La ministre de la Santé Marisol Touraine s'est déjà prononcée en faveur du monopole existant. Mais le ministre de l'Économie Arnaud Montebourg envisage, selon différents syndicats, d'introduire des pharmaciens salariés dans les supermarchés.

"Qu'est-ce que ferait un pharmacien dans une grande surface qui serait subordonnée à une politique exclusive de consommation?" s'interroge Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre des pharmaciens.

- Quel impact financier? -

"Le réseau des pharmaciens est aujourd’hui fragilisé par les politiques de maîtrise des dépenses de santé. Tout ce que qui peut fragiliser encore (...) va faire exploser le maillage territorial des pharmacies", assure Mme Adenot.

Pourtant, le résultat courant avant impôt des pharmacies a progressé de 2,9% en 2013, à 147.440 euros en moyenne, selon les données fiscales de 9.695 officines (sur 21.195), recueillies par la Fédération des centres de gestion agréés et consultées par l'AFP. Dans le même temps, le chiffre d'affaires des pharmacies a légèrement diminué, de 0,8% en moyenne, passant sous le seuil de 1,5 million d'euros en 2013.

Sur les médicaments remboursables, dont le prix est fixé par voie réglementaire, les pharmaciens encaissent un pourcentage variable, selon le tarif facturé par le fabricant, ainsi qu'un forfait par boîte délivrée.

Pour développer les missions de conseil, de nouvelles rémunérations ont été récemment introduites: 40 euros pour un patient asthmatique suivi à l'officine, 0,50 euro pour une ordonnance comprenant au moins 5 médicaments, et une prime pour la délivrance de médicaments génériques (5.705 euros en moyenne par officine en 2013).

Avec la reconnaissance de leur "cœur de métier", certains pharmaciens se disent prêts à discuter de la libéralisation de la vente de certains "produits frontières", sur le modèle des tests de grossesse désormais en vente dans les supermarchés. Mais "le paracétamol n'en fait clairement pas partie", tranche Mme Adenot.

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