par Matthias Blamont et Leigh Thomas
PARIS (Reuters) - BNP Paribas a prévenu jeudi que la situation économique et le relèvement programmé de la fiscalité du secteur bancaire allaient peser sur ses performances, après avoir publié un résultat annuel logiquement plombé par son contentieux aux Etats-Unis.
Comme ses concurrentes européennes, la banque française affronte une croissance économique anémique sur le continent, une inflation quasi nulle et un environnement de taux bas qui devrait perdurer plusieurs années du fait des mesures exceptionnelles décidées ces derniers mois par la Banque centrale européenne pour stimuler l'activité.
"Le groupe fait face à un contexte économique et de taux d'intérêt détérioré (...) Ce contexte a un impact négatif sur les revenus générés sur les dépôts dans la banque de détail et n'a pas véritablement d'impact positif sur les marges de crédit", explique BNP Paribas dans un communiqué.
L'action BNP s'inscrit en net repli en début de matinée à la Bourse de Paris. A 9h25, elle recule de 3,9% à 46,9 euros, plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-0,8%).
"Les chiffres et le dividende sont conformes aux attentes mais les perspectives sont prudentes", a réagi un opérateur de marché.
Sans remettre formellement en cause les objectifs de son plan stratégique 2014-2016, qui vise notamment une rentabilité des fonds propres (ROE) d'au moins 10% l'année prochaine, l'entreprise a fait valoir que ses prévisions initiales avaient été trop optimistes.
"L'écart cumulé entre le scénario de base et le scénario révisé est de -60 points de base de croissance pour la zone euro en 2016. Ce contexte a un effet défavorable sur les volumes de crédit dans la banque de détail et chez CIB (banque de financement et d'investissement, NDLR) notamment", explique BNP Paribas.
La banque s'attend en outre à payer plus d'impôts et à mobiliser plus de fonds pour s'adapter à la régulation, en Europe pour contribuer à la mise sur pied de l'Union bancaire, mais également aux Etats-Unis, sans compter le futur mécanisme "Total Loss Absorbing Capacity" (TLAC) décidé par le G20 et dont les modalités exactes restent à préciser.
"Au total, l'ensemble de ces nouvelles taxes et réglementations devrait avoir un impact de l'ordre de 500 millions d'euros sur le résultat net du groupe en 2016 (...) Cet impact devrait se réduire par la suite avec la baisse puis la disparition de certaines taxes et contributions ainsi que de certains coûts de mise en place."
BNP Paribas a accepté le 30 juin dernier de s'acquitter d'une amende record de 8,97 milliards de dollars et de plaider coupable de deux chefs d'accusation dans le cadre d'un accord avec les autorités américaines qui lui reprochaient d'avoir contourné pendant plusieurs années des règles d'embargo s'appliquant aux transactions en dollar, notamment au Soudan et en Iran.
Ce montant, couplé aux coûts de réorganisation imposés par la mise en conformité de la banque à la réglementation, ont fait dégringoler le résultat net de BNP Paribas en 2014 à 157 millions d'euros. Il avait atteint 4,82 milliards en 2013.
Le produit net bancaire signe pour sa part une progression de 2% à 39,17 milliards d'euros.
Le conseil d'administration a cependant décidé de proposer à la prochaine assemblée générale un dividende de 1,5 euro par action au titre de 2014, comme en 2013 et en 2012.
(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez)