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Boeing dans l'oeil du cyclone après le crash aérien en Ethiopie

Publié le 11/03/2019 16:07
Mis à jour le 11/03/2019 16:18
Boeing dans l'oeil du cyclone après le crash aérien en Ethiopie
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Boeing (NYSE:BA) était dans la tourmente lundi après le crash dimanche d'un 737 MAX 8 appartenant à Ethiopian Airlines, qui a fait 157 morts et conduit plusieurs pays, dont la Chine, à clouer au sol un des modèles phare de l'avionneur américain.

Peu après l'ouverture de la séance à Wall Street, Boeing chutait lourdement: l'action dévissait de 7,90% à 389,16 dollars à 14H13 GMT, entraînant dans son sillage le Dow Jones, l'indice vedette de la Bourse de New York.

Les deux boîtes noires de l'appareil d'Ethiopian Airlines - celle enregistrant les données techniques du vol et celle enregistrant les discussions dans le cockpit - ont été retrouvées lundi sur le lieu du crash, dans un champ proche du village de Tulu Fara, à environ 60 km au sud-est d'Addis Abeba.

"Nous partons du principe que nous trouverons la cause du crash dans les données de la boîte noire", a indiqué Ethiopian Airlines.

L'accident de dimanche sur un vol Addis Abeba-Nairobi est un nouveau coup dur pour Boeing, dont le même modèle, version modernisée du best-seller 737, s'était écrasé lui aussi quelques minutes après le décollage le 29 octobre au large de l'Indonésie, faisant 189 morts. Une des boîtes noires de l'appareil appartenant à la compagnie indonésienne Lion Air avait signalé des problèmes d'indicateur de vitesse.

A la suite de l'accident de dimanche, Ethiopian Airlines a annoncé qu'elle avait immobilisé ses six autres Boeing 737 MAX 8.

Pékin a demandé lundi aux compagnies aériennes chinoises de suspendre les vols de leurs nouveau biréacteur et mono-couloir. Leur utilisation pourra reprendre après confirmation par les autorités américaines et Boeing "des mesures prises pour garantir avec efficacité la sécurité des vols", a indiqué le Bureau chinois de l'aviation civile.

Boeing a jusqu'à présent livré 76 modèles 737 MAX 8 à des compagnies aériennes chinoises, la Chine représentant un cinquième des livraisons mondiales de ce modèle. Le constructeur américain a au total enregistré 5.011 commandes à travers le monde pour cet avion, soit un carnet de commandes équivalent à plus de sept ans de production au rythme actuel.

L'Indonésie a dans la foulée également décidé d'immobiliser ses Boeing 737 MAX 8 tout comme la Corée du Sud pour les deux appareils de la compagnie locale low-cost Eastar Jet, dans l'attente des résultats d'une inspection.

De nombreuses autres compagnies aériennes, dont FlyDubai, Norwegian, Icelandair, Southwest, American Airlines et Air Canada, continuent de faire voler leurs 737 MAX 8.

Boeing a décidé de reporter la cérémonie de présentation officielle de la nouvelle version de son long-courrier 777, le 777X, prévue mercredi, à la suite de la catastrophe en Ethiopie.

- Cratère -

Le vol ET 302, qui avait décollé dimanche à 08H38 (05H38 GMT) d'Addis Abeba, a disparu des radars six minutes plus tard. Selon un témoin, Tegegn Dechasa, l'arrière de "l'avion était déjà en feu lorsqu'il s'est écrasé au sol".

Le Boeing, livré courant 2018 à la compagnie et qui avait fait l'objet d'une maintenance le 4 février, a été pulvérisé lors de l'impact. Il a creusé un impressionnant cratère en heurtant le sol.

Les enquêteurs de l'Agence éthiopienne de l'aviation civile devraient être prochainement rejoints par une équipe technique de Boeing. L'enquête sera menée conjointement avec des enquêteurs américains.

Réputée sérieuse, Ethiopian Airlines est détenue à 100% par l'Etat éthiopien et compte plus de 100 appareils, soit la flotte la plus importante d'Afrique.

Une journée de deuil national a été décrétée lundi en Ethiopie alors que le Kenya était doublement endeuillé. Avec 32 ressortissants à bord, c'est le pays le plus touché par la tragédie, et Nairobi est par ailleurs le hub régional des Nations unies, durement affectées par la catastrophe.

Cette dernière était dans toutes les têtes lundi à l'ouverture de la conférence annuelle du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) à Nairobi: les drapeaux des pays membres qui flottent habituellement dans l'allée du quartier général du PNUE ont été retirés, laissant seule la bannière bleue des Nations unies, hissée à mi-mât.

Plusieurs délégués devant participer à cette assemblée se trouvaient à bord de l'avion. Une minute de silence a été observée à l'ouverture de la conférence, certains dans l'assistance fondant alors en larmes.

Parmi les victimes onusiennes figurent six employés du PNUE, sept du Programme alimentaire mondial (PAM) et plusieurs du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

- 35 nationalités -

Les victimes du crash étaient de 35 nationalités différentes, selon des chiffres provisoires de la compagnie aérienne. Celle-ci a notamment dénombré 32 Kényans, 18 Canadiens, 9 Ethiopiens, 8 Italiens, 8 Chinois, 8 Américains, 7 Français, 7 Britanniques, 6 Egyptiens, 5 Allemands et 4 Indiens.

Le gouvernement français a fait état pour sa part de la mort de neuf Français.

Parmi les victimes figurent l'épouse et les deux enfants du député slovaque Anton Hrnko, un archéologue italien, un professeur d'université canadien d'origine nigériane ainsi qu'un ancien secrétaire général de la fédération kényane de football.

Les messages de condoléances aux victimes ont afflué depuis dimanche, du Premier ministre éthiopien au président kényan, de l'Union africaine au secrétaire général de l'ONU, en passant par le pape François et le président français Emmanuel Macron qui sera en visite officielle en Ethiopie mardi et mercredi puis au Kenya mercredi et jeudi.

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