Brésil: la crise, douche froide sur les rêves de la nouvelle classe moyenne

Publié le 19/11/2015 10:58
Devant une boutique de joaillerie dans un centre commercial de Rio de Janeiro le 5 janvier 2012 (Photo VANDERLEI ALMEIDA. AFP)

Devant une boutique de joaillerie dans un centre commercial de Rio de Janeiro le 5 janvier 2012 (Photo VANDERLEI ALMEIDA. AFP)

Monica de Oliveira, ne pourra plus acheter de vêtements neufs pour ses filles ni sortir avec elles les week-ends. Au chômage, elle fait partie des millions de Brésiliens parvenus à la classe moyenne mais désormais menacés par la crise.

Son mari vient aussi de perdre son emploi et son revenu mensuel de 500 dollars d'agent de sécurité privée.

"Fini les vêtements neufs pour mes trois filles, fini le cirque et le McDonald's les week-ends", déplore cette femme de 36 ans à l'AFP.

"J'allais même leur payer des cours pour qu'elles aient une vie meilleure", dit-elle.

Les Oliveira rêvaient d'une maison plus grande et d'une voiture neuve mais ils devront se contenter de leur maisonnette en briques à Caieiras, à 40 km de Sao Paulo. Ils n'arrivent plus à rembourser les intérêts de leurs emprunts.

Quarante millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté depuis 2003 en grande partie grâce aux programmes sociaux des gouvernements de gauche de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-10) et de Dilma Rousseff, son héritière politique.

Sous Lula, les prix des matières premières soutenaient la croissance du Brésil, grand exportateur mondial de minerai de fer, soja, viande et café entre autres.

Comme ses compatriotes, Monica a profité des années de boom du Brésil, 7e puissance mondiale: son PIB a grimpé de 7,5% en 2010, c'était le plein emploi et l'inflation était basse. Les familles les plus pauvres ont augmenté leurs revenus et l'accès au crédit leur a ouvert les portes des biens et des services. Ils pouvaient enfin s'offrir le luxe d'un appareil à air conditionné ou un bon matelas, par exemple.

Mais aujourd'hui ils risquent de revenir à la case départ.

"Avant on sentait que les choses s'amélioraient. Maintenant, sans travail, on n'a rien", souligne Monica.

- 'Très vulnérables' -

D'après une étude de l'économiste Adriano Pitoli, consultant chez Tendencias à Sao Paulo, quelque trois millions de personnes qui ont accédé à la classe moyenne de 2006 à 2012 sont retombés dans la misère de 2015 à 2017.

Avec un modèle de croissance reposant essentiellement sur la consommation interne, le boom du Brésil n'a duré que jusqu'en 2010.

Allaient suivre quatre années de maigre croissance et au deuxième trimestre 2015, le Brésil est entré dans une récession qui entraînera une contraction de 3% du PIB cette année et se poursuivra en 2016.

Aujourd'hui, les prix des matières premières ont dégringolé avec la chute de la demande chinoise, les comptes publics sont en déséquilibre et le Brésil est secoué par un scandale de corruption au sein de sa compagnie phare, le géant pétrolier Petrobras, lui coûtant des milliards de dollars.

Le chômage est au plus haut depuis 2009 (7,6%), l'inflation frôle les 10% et le taux d'intérêt directeur a été relevé à 14,25%, ce qui endette de plus en plus les familles.

"La population qui est sortie de la pauvreté et a accédé à la classe moyenne (au cours de la dernière décennie), ce sont des personnes de scolarité basse, sans actifs ni épargne. Ils ont des emplois peu qualifiés et leur réseau de contacts est très limité. Tout les rend très vulnérables", explique à l'AFP Mauricio de Almeida Prado, responsable d'une étude sur les classes moyenne et basses.

Ana Paula Rodrigues, ex-caissière de supermarché de 35 ans, a acheté à ses trois fils un ordinateur, quelques jeux vidéos et des paires de "bonnes chaussures". Elle leur a payé des cours de football.

Il y a un an elle a démissionné pour suivre un cours d'agent de sécurité dans l'espoir de doubler son salaire de 260 dollars.

"J’ai pris des risques, j'ai perdu et je suis en train de le payer très cher", confie cette mère célibataire alors qu'elle postule à un emploi peu qualifié proposé par la mairie de Sao Paulo.

Des milliers de personnes ont accouru la semaine dernière à cette foire du travail qui, pour la première fois depuis sa création en 2010, a lieu deux fois par an.

"Aujourd'hui, triste comme je suis, j'accepte n'importe quoi", soupire-t-elle.

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés