Consommation en berne en Arabie sur fond d'austérité

Publié le 05/10/2016 10:54
Mis à jour le 05/10/2016 12:31
De nombreux commerçants se plaignent à Ryad d'un ralentissement des affaires depuis que les revenus pétroliers ont fondu (Photo FAYEZ NURELDINE. AFP)
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De nombreux commerçants se plaignent à Ryad d'un ralentissement des affaires depuis que les revenus pétroliers ont fondu (Photo FAYEZ NURELDINE. AFP)

Dans la bijouterie Al-Abdoul Wahab, les diamants scintillent dans les vitrines, mais les affaires ont perdu de leur éclat car les Saoudiens hésitent à ouvrir leur porte-monnaie, austérité oblige.

"Par rapport à l'an dernier, l'affluence est très faible", se désole Saddam al-Yafae, un vendeur de cette bijouterie de la rue commerçante Olaya, au coeur de Ryad.

Comme lui, de nombreux commerçants se plaignent d'un ralentissement des affaires depuis que les revenus pétroliers ont fondu, obligeant l'Etat à prendre des mesures douloureuses de rigueur.

Les affaires étaient autrefois juteuses, rappelle Saddam al-Yafae, devant des collections de bijoux en argent sertis de diamants. Mais ce matin, aucun client ne les admire et le vendeur a le temps de discuter. "Il y a beaucoup moins de travail, particulièrement depuis ces décisions", explique-t-il, en faisant allusion aux récentes annonces du gouvernement.

Le 26 septembre, le Conseil des ministres a décidé d'un gel des salaires des fonctionnaires, qui représentent l'essentiel de la population active. Les primes ont été annulées, ainsi que la rémunération des heures supplémentaires. Les hauts fonctionnaires n'auront plus droit à des voitures de fonction et à des frais de téléphone.

- Exemple des ministres -

Pour donner l'exemple, les salaires des ministres ont été réduits de 20% et les indemnités annuelles des 150 membres du Conseil de la Choura (assemblée consultative) amputées de 15%, soit 4.000 riyals (955 euros) par mois, selon le quotidien Saudi Gazette.

La chute des prix du pétrole depuis 2014 a entraîné un déficit public record de 88 milliards d'euros l'an dernier dans le royaume qui tire de l'or noir une grande part de ses revenus. Mais le prix du baril a chuté de plus de 100 dollars à la mi-2014 à moins de 50 dollars aujourd'hui.

Ryad a donc lancé des mesures sans précédent pour réduire le train de vie de l'Etat, baisser les subventions publiques et rendre son économie moins dépendante du pétrole. Mais cette "austérité a fait beaucoup de mal à l'économie", ont récemment relevé les analystes de Capital Economics à Londres.

Dans un rapport publié lundi, la firme Jadwa Investment note une baisse des retraits bancaires en 2016 et estime que l'absence de primes "fera probablement baisser la consommation dans les prochains mois". En juillet, le taux d'inflation des produits alimentaires a été négatif pour la première fois depuis six ans, selon la firme.

Mais, pour Abdallah al-Sadoun, membre du Conseil de la Choura, cette austérité et la réforme de l'économie vont à terme porter leurs fruits. "Nous avons été 50 ans durant dépendants du pétrole et nous avons mal dépensé notre argent", indique-t-il à l'AFP.

- 'Fini l'argent, mon ami' -

"Nos stocks sont au plus haut en raison de la baisse des ventes", explique un marchand de tapis étranger. Ses tapis sont proposés à plusieurs centaines de riyals.

A l'extérieur, un client marchande pour l'achat d'une petite descente de lit. Il finit par l'avoir à 50 riyals (12 euros). Dans le magasin d'à côté, un marchand de tapis originaire d'Asie du Sud explique que les affaires allaient beaucoup mieux il y a trois ou quatre ans.

"La situation est très mauvaise", se lamente, un peu plus loin sur la même rue Olaya quasi déserte, un vendeur de produits électriques. Il ne veut pas être identifié par crainte de se faire expulser pour ses propos.

Les affaires ont baissé de 25% ces deux dernières années, affirme-t-il, à cause en partie du chantier du métro de Ryad qui empêche les clients d'accéder à sa boutique. "Fini l'argent, mon ami", lance ce vendeur en répétant ce que lui disent les clients.

Certains fonctionnaires contactés par l'AFP n'ont pas voulu commenter les mesures d'austérité mais d'autres affirment qu'ils s'adapteront à la nouvelle situation. "Je vais revoir le budget familial", explique Moussa Mohammed, 41 ans. "Nous allons nous débrouiller", ajoute Khaled al-Bichi, 35 ans, désireux de "soutenir notre pays".

Dans la ville sainte de La Mecque, Majdi Damanhori, 45 ans, qualifie d'"audacieuses" les décisions du gouvernement et espère un changement de comportement car "les familles saoudiennes n'épargnent pas et ont tendance à acheter des produits de luxe".

Hadi al-Osaimi, un enseignant de 39 ans, estime lui aussi que c'est l'occasion de renoncer aux dépenses extravagantes des mariages et des célébrations. "Sans oublier les voyages et les dépenses coûteuses à l'étranger".

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