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Cosmétiques: la difficile quête d'alternatives aux tests sur animaux

Publié le 04/02/2016 09:11
Mis à jour le 04/02/2016 09:15
Des militants de l'organisation AnimaNaturalis manifestent à Palma de Mallorca le 29 avril 2011 (Photo JAIME REINA. AFP)

Des militants de l'organisation AnimaNaturalis manifestent à Palma de Mallorca le 29 avril 2011 (Photo JAIME REINA. AFP)

L'Union européenne interdit tous les tests sur animaux pour l'industrie cosmétique depuis 2013. Cependant de nombreuses subtilités rendent la réglementation difficilement compréhensible pour le consommateur et les recherches pour développer des méthodes alternatives demandent beaucoup de temps et d'argent.

Que dit la réglementation européenne?

L'UE interdit la mise sur le marché de tout nouveau produit cosmétique testé sur des animaux après mars 2013, y compris pour les produits importés. Mais cela ne concerne que leurs composants utilisés à des fins exclusivement cosmétiques.

Ainsi pour des ingrédients dits "multi-usages" (conservateurs, parfums, solvants, polymères, filtres solaires...), utilisés en cosmétique mais aussi dans d'autres secteurs comme la pharmacie, la chimie ou l'agroalimentaire, des tests sur animaux peuvent toujours être effectués, en dernier ressort, afin de s'assurer de leur sécurité pour leurs applications non-cosmétiques.

Enfin, même pour des ingrédients purement cosmétiques, des tests sur animaux peuvent être toujours nécessaires pour garantir la sécurité des travailleurs qui y sont exposés dans le processus de fabrication.

Comment s'est adaptée l'industrie cosmétique?

Pendant longtemps l'industrie cosmétique "avait un peu traité de façon légère ces attentes de la société civile", estime Loïc Armand, président de L'Oréal France et de Cosmetics Europe, la fédération européenne du secteur.

L'interdiction européenne "a rendu les choses plus compliquées", notamment pour des entreprises de taille réduite n'ayant pas les moyens de recherche-développement que peuvent avoir de grands groupes, ou les compétences de start-up très pointues, selon M. Armand.

Mais de nombreuses entreprises ont aussi fait de cette interdiction un argument commercial: à ce jour l'ONG de défense des animaux PETA recense quelque 1.900 marques de cosmétiques du monde entier ayant banni les tests sur animaux pour tous leurs produits.

En outre, le secteur a aussi contribué financièrement à divers programmes de recherche européens pour trouver des procédés de substitution aux tests sur animaux ces dernières années, notamment le projet SEURAT-1 (2011-2015), dont le budget de 50 millions d'euros a été co-financé à égalité entre la Commission européenne et Cosmetics Europe.

Où en est la recherche de méthodes alternatives?

"Il est déjà possible de substituer aux tests sur animaux des méthodes alternatives pour des tests d'irritation, de corrosion et de sensibilisation de la peau et de l'oeil", rappelle Elisabet Berggren, responsable scientifique de la Commission européenne.

Autrement plus difficiles à élaborer s'avèrent les méthodes alternatives pour évaluer la toxicité systémique, dont les effets ne se limitent pas au contact local entre le corps et l'ingrédient, et les effets chroniques sur la santé, selon Mme Berggren.

Des outils prometteurs sont en cours de développement, comme des méthodes in vitro (culture cellulaire) combinées à des technologies in silico (bases de données, analyses toxicologiques prédictives et simulations 3D de réactions organiques).

"Je crois qu'un jour on pourra entièrement se passer des tests sur animaux, y compris dans d'autres secteurs. Les choses avancent mais ça prendra encore plusieurs décennies", estime M. Armand.

Et si certains invertébrés, exclus par l'interdiction européenne, étaient mis à contribution? Pour la jeune start-up française Celescreen, cette idée n'a rien de saugrenue.

Celescreen compte mener des tests sur un ver de terre, C. elegans, doté du mécanisme d'absorption et d'élimination des molécules similaire à l'homme, grâce à une coque chimique agissant comme un leurre pour faire croire au ver qu'il mange sa nourriture préférée, afin d'obtenir un taux d'absorption de 100%.

"Notre innovation va permettre d'effectuer trois tests que l'industrie cosmétique ne peut plus faire sur la souris: la toxicité de la reproduction, la toxicité sur le foetus et la toxicité chronique", affirme Camille Hetez, la présidente de Celescreen, qui vise une commercialisation fin 2016.

L'interdiction européenne a-t-elle fait des émules?

L'Inde, Israël et la Norvège ont aussi intégralement banni les tests sur animaux pour les cosmétiques.

Des lois similaires sont en cours d'élaboration dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis. La Chine, grande adepte de tests sur animaux pour les cosmétiques, y a récemment renoncé pour de nombreux produits finis, à condition qu'ils soient fabriqués sur son sol. D'autres secteurs industriels, notamment la chimie, s'intéressent par ailleurs aux méthodes initialement développées pour les cosmétiques.

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