Les récentes prises de position de Dominique Strauss-Kahn relèvent davantage d'une expertise sur la situation économique internationale que d'un souhait de se replonger dans l'arène politique, estiment plusieurs proches de l'ancien directeur général du FMI.
C'est sur Twitter que Dominique Strauss-Kahn a décidé de s'exprimer quelques jours après le procès de Lille, qui clôturait pour lui quatre années de saga judiciaire, en lançant un retentissant "Hello Twitter! Jack is back!", diffusé le 21 juin, plongeant le monde politico-médiatique dans la perplexité.
Chaque tweet de DSK, qui dispose déjà de 62.000 abonnés sur son compte, a suscité depuis un intérêt certain, mais aussi des réactions agacées ou distantes dans les milieux politiques.
Le dernier de ses six tweets diffusés à ce jour concerne une lettre ouverte "A mes amis allemands", rédigée successivement en anglais, allemand et français. Elle se montre très sévère sur le dernier accord européen sur la Grèce, qualifié de "diktat".
"Ne me dites pas que c'est seulement en imposant des règles de saine gestion que vous entendez sauver l'Europe!", ajoute Dominique Strauss-Kahn, au risque de mettre en difficulté François Hollande, qui a négocié cet accord.
Le premier ministre Manuel Valls n'a pas caché son irritation, expliquant que "ce que souhaitent les Français et les Européens, c'est de l'action et des résultats, pas des commentaires en surplomb".
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui fut pourtant proche de DSK, ne souhaite guère développer: "je m'amuse qu'il s'amuse", se contente-t-il de dire à l'AFP.
"Je pense qu'il (DSK) teste. Il y a une envie de participer au débat. On peut comprendre, surtout lorsqu'on s'appelle Strauss-Kahn dans un moment pareil. Ce sont des sujets qu'il connaît", décrypte Julien Dray, secrétaire national du PS, reconnaissant toutefois ne plus être en contact avec l'ancien favori des sondages.
"Je ne pense pas que cela soit calculé dans une stratégie", ajoute le responsable socialiste qui n'exclut pas toutefois le souhait chez Dominique Strauss-Kahn "de retrouver peut-être grâce à ça une certaine autorité et d'effacer ou relativiser un certain nombre de choses qui ont été dites sur lui. Chacun a envie qu'on voie les meilleurs côtés de soi-même et qu'on garde cela en référence".
- 'L'heure est grave' -
Depuis sa relaxe en juin au procès du Carlton, "il y a une reprise de parole, mais c'est plus une reprise de parole d'expert qu'une reprise de parole d'acteur politique", résume pour l'AFP Julien Dray, qui avait irrité l'entourage de François Hollande en invitant DSK et de nombreux responsables socialistes à son anniversaire dans l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 2012.
DSK lui-même avait exprimé "son désir de tourner la page" sur la politique avant le procès du Carlton, mais "la politique est un virus dont il est difficile de se séparer", nuançait-t-il prudemment.
Dominique Strauss-Kahn, de nouveau "testé" par les instituts de sondage, a refait surface dans les enquêtes d'opinion ces dernières semaines. Dans un sondage de Viavoice pour Libération publié au début du mois, il figurait sur la liste des meilleurs candidats de la gauche pour 2017, seulement devancé par Manuel Valls.
Michèle Sabban, conseillère régionale d'Ile-de-France et proche de l'ancien ministre, voit aussi ses interventions sur Twitter comme le souhait d'un économiste de s'exprimer à un moment où "l'heure est grave". "Personne ne peut lui interdire cela", ajoute cette responsable, qui précise maintenir des contacts avec DSK: "ça m'arrive".
S'agit-il des prémisses d'un retour en politique? "Pas du tout, répond-elle sans hésitation, la preuve, il fait toute autre chose".
"Il va dans d'autres pays, parce que l'on considère que c'est un expert et qu'il a le droit de donner son avis. Il n'y a qu'en France où (il) n'a même le droit de faire un tweet", s'insurge un proche de DSK.
"Pour moi, il a tourné la page, il dit ce qu'il pense sur les sujets qu'il maîtrise", ajoute ce proche qui ne "conseille" ni ne "souhaite" à DSK de revenir en politique. "Ce n'est pas une chose que l'on peut souhaiter à un ami".