Le chef du principal parti de l'opposition turque s'est engagé jeudi à construire une nouvelle "mégacité" en Anatolie pour relancer l'économie et créer des millions d'emplois s'il arrivait au pouvoir à l'issue des élections législatives du 7 juin.
"Nous allons bâtir une mégacité en Anatolie qui créera 2,2 millions d'emplois d'ici 2035 (...) Un projet qui donnera un grand élan à l'économie de la Turquie et fera de notre pays un acteur économique incontournable dans la région", a expliqué Kemal Kiliçdaroglu, qui dirige le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) lors d'une présentation devant la presse à Istanbul de ce qu'il a qualifié de "projet du siècle".
Le chef de file de l'opposition parlementaire a affirmé que cette agglomération géante d'une population de 3 millions d'habitants, dont l'emplacement exact n'a pas été précisé mais qui serait située à l'est de la capitale Ankara, serait opérationnelle à partir de 2020, aurait ses propres lois et un minimum de bureaucratie.
Elle deviendra un "centre économique global et de recherches scientifiques", située au carrefour des routes de commerce entre l'Europe et l'Asie, a-t-il expliqué.
Pour réaliser ce projet et ses infrastructures, 200 milliards dollars d'investissements turcs et étrangers seront nécessaires au cours des vingt prochaines années, a affirmé M. Kiliçdaroglu.
Les élections du 7 juin sont déjà annoncées comme un moment historique pour la Turquie, avec un AKP très ambitieux qui cherchera à réunir une majorité claire au Parlement.
Elle lui permettrait d'amender la Constitution turque pour graver dans le marbre les nouveaux pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan qui milite sans cesse pour transformer le système parlementaire actuel en régime présidentiel.
Pour desserrer l’étau de ce débat sur le régime présidentiel, les partis d’opposition tentent d’attirer les électeurs sur le terrain économique et social car l'économie turque connaît un net ralentissement après des années de croissance record, à 2,9% en 2014 contre près de 9% en 2010 et 2011, couplée à une hausse du chômage et de l'inflation.
M. Kiliçdaroglu a fait des questions économiques la priorité du programme de campagne du CHP, dénonçant un accroissement des inégalités sociales et promettant une hausse des retraites alors que les observateurs évoquent la fin du "miracle économique turc".