L'aéroport international de Bruxelles, "deuxième pôle économique" de Belgique, "se remet au travail" douze jours après les attentats, mais la réfection de son hall des départs n'a pas encore démarré et "va durer des mois", explique son PDG, Arnaud Feist, à l'AFP.
Dévasté par un double attentat-suicide le 22 mars, le hall de départs reste inutilisable. Il a été remplacé par une structure temporaire qui peut gérer l'enregistrement de 800 personnes par heure, soit à peine 20% des capacités en temps normal. Trois appareils ont néanmoins décollé dimanche pour marquer la réouverture partielle de l'aéroport.
QUESTION: Pourquoi a-t-il fallu 12 jours pour redémarrer le trafic de voyageurs et dans quelles conditions le premier vol a-t-il pu partir ?
REPONSE: "Dans le hall des départs, il y a beaucoup de dégâts aux comptoirs d'enregistrement, à tout l'air conditionné qui a été soufflé. Beaucoup de choses sont à refaire. Les deux jetées (donnant accès aux portes d'embarquement, ndlr) sont intactes, mais la partie check-in devait absolument être remise en état. Nos équipes ont travaillé jour et nuit pour mettre en place une structure temporaire dans des bâtiments préfabriqués afin que les passagers puissent faire un check-in dans des conditions de confort, je dirais minimales, mais au moins qu'ils puissent partir".
(A propos des travaux de réfection): "On n'a pas encore reçu le rapport des experts (...) On est à la première étape d'un processus qui va durer des mois pour qu'on retrouve la pleine capacité de l'aéroport".
Q: La fermeture de l'aéroport pendant 12 jours a-t-il eu un impact économique considérable en Belgique ?
R: "Effectivement, l'aéroport de Bruxelles est le deuxième pôle économique du pays (après le port d'Anvers, ndlr). Il y a 20.000 personnes qui travaillent ici et l'aéroport génère 60.000 emplois au total répartis dans tout le pays. Donc, il était essentiel pour l'économie belge que cet outil redémarre le plus rapidement possible".
"On n'a pas encore pu définir exactement quand on sera à la capacité pleine, mais les vacances d'été, qui commencent fin juin, début juillet, sont très importantes pour beaucoup de Belges qui partent en vacances, donc on fera le maximum pour augmenter la capacité le plus possible d'ici là".
Q: Dans quel état d'esprit est le personnel de l'aéroport ?
R: "Il y a eu de nombreux morts mais aussi plus de 100 blessés (à l'aéroport). Tout le monde ici a été vraiment choqué par ce qui s'est passé. Beaucoup de nos collaborateurs ont vécu, au-delà des victimes elles-mêmes, des scènes très très pénibles. Donc il était important de redonner un moment d'espoir, de dire +voilà, on est repartis et on est debout+. On se remet au travail et on reprend un certain cours d'activité, je ne dirais pas +normal+ parce que le mot normal n'a plus le même sens depuis 12 jours. Ca fait aussi partie du processus de deuil pour beaucoup d'entre eux de revenir sur les lieux des attentats".
(Propos recueillis par Alix RIJCKAERT)