Développer l'offre de médicaments en automédication, non remboursés par l'assurance-maladie, permettrait au système de santé d'économiser 1,5 milliard d'euros par an, selon une étude du cabinet OpenHealth dévoilée mardi par l'Afipa, l'association des fabricants de médicaments vendus sans ordonnance.
Ce chiffre se base sur les économies qui pourraient être réalisées sur les consultations médicales et le remboursement des médicaments par l'Assurance maladie.
Openhealth a dressé avec l'Afipa une liste de pathologies "bénignes" qui seraient adaptées à un usage en automédication, sur la base d'un ancien rapport de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Acnés mineures et modérées, constipation occasionnelle de l'adulte, toux sèches et toux d'irritation: pour l'Afipa, les molécules associées à une soixantaine d'indications de maladies bénignes pourraient être déremboursées et systématiquement vendues sans ordonnance.
Cela aurait en outre pour avantage de "fluidifier le parcours de soins", car les médecins, dont beaucoup se disent saturés de patients qui consultent "pour un oui, pour un non", pourraient se concentrer sur des pathologies jugées plus sérieuses, a déclaré à l'AFP Pascal Brossard, le président de l'Afipa.
Pour modérer l'impact financier sur les patients, l'association préconise d'inclure l'automédication à la couverture maladie universelle (CMU) pour les personnes à faibles ressources, et d'aligner le taux de TVA appliqué aux médicaments d'automédication (fixé à 10% actuellement) à celui appliqué aux médicaments de prescription, soit 2,1%.
Cette dernière mesure ne coûterait qu'"une soixantaine de millions d'euros" à l'Etat, selon M. Brossard.
En 2014 l'automédication ne représentait que 15,4% du marché français des médicaments en volume, contre 32,3% pour la moyenne de 7 pays européens (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Suède et Royaume-Uni)", rappelle l'Afipa.
Le déficit de l'assurance maladie prévu par le budget 2016 de la Sécurité sociale est de 6,2 milliards d'euros, après un déficit de 7,5 milliards d'euros en 2015.
Invité à réagir par l'AFP, l'entourage de la ministre de la Santé Marisol Touraine a souligné que l'objectif de la ministre "n'est pas de dérembourser mais de maîtriser la consommation de médicaments". "Il n'y a pas eu et il n'y aura pas d'économies sur le dos des patients" sous son mandat, a-t-on insisté.