GB/UE: Cameron attaque les pro-Brexit et tente de rallier Boris Johnson

Publié le 21/02/2016 16:15
Le Premier ministre britannique David Cameron à la fin du sommet de l'Union européenne, à Bruxelles, le 19 février 2016 (Photo EMMANUEL DUNAND. AFP)

Le Premier ministre britannique David Cameron à la fin du sommet de l'Union européenne, à Bruxelles, le 19 février 2016 (Photo EMMANUEL DUNAND. AFP)

Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé dimanche le charismatique maire de Londres Boris Johnson à ne pas rejoindre le camp des pro-Brexit, qu'il a attaqué frontalement à quatre mois du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE.

"Je voudrais dire à Boris ce que je dis à tout le monde, à savoir que nous serons plus en sécurité, plus forts et plus prospères dans l'Union européenne", a déclaré le dirigeant conservateur dans l'émission politique dominicale de la BBC.

"La perspective de collaborer avec (le chef du parti europhobe Ukip) Nigel Farage et (l'ex-député) George Galloway et de faire un saut dans l'inconnu n'est pas la bonne voie pour notre pays", a-t-il ajouté, en référence à ces figures de proue de la campagne pro-Brexit.

Le bouillonnant et populaire maire de Londres, lui aussi conservateur et candidat à la succession de David Cameron, laisse planer le suspense sur sa position pendant la campagne du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE, qui se tiendra le 23 juin. Il devrait communiquer sa décision dimanche soir.

Sa popularité donnerait du lustre à la campagne pro-Brexit, qui a pour l'instant été rejointe par cinq ministres -dont le titulaire du portefeuille de la Justice, Michael Gove, ami personnel de Cameron-, une secrétaire d'État et le candidat à la succession de Boris Johnson, Zac Goldsmith.

Le Premier ministre a quatre mois pour convaincre ses compatriotes du bien-fondé de l'accord qu'il vient de négocier à Bruxelles pour renforcer le "statut spécial" du Royaume-Uni dans l'UE.

Selon le premier sondage réalisé depuis l'accord pour le Mail on Sunday, 48% des Britanniques interrogés ne veulent pas quitter l'UE, 33% sont pro-Brexit et 19% sont encore indécis.

-"Illusion de souveraineté"-

Avec ce référendum, David Cameron joue sa place dans l'Histoire, d'autant plus qu'un Brexit provoquerait l'organisation d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Écosse, comme l'a rappelé dimanche la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon.

"Si nous sortons de l'Union européenne, cela déclencherait une demande pour un second référendum sur l'indépendance", a-t-elle indiqué sur la BBC. Lors du premier référendum organisé en septembre 2014, le Non à l'indépendance l'avait emporté à 55% des voix.

Conscient des enjeux, David Cameron a lancé toutes ses forces dans la bataille dimanche, profitant de cette émission de la BBC, très regardée, pour attaquer frontalement les pro-Brexit, qui arguent que le Royaume-Uni serait plus souverain en dehors du bloc des 28.

En quittant l'UE, le Royaume-Uni n'aura qu'une "illusion de souveraineté", a martelé le dirigeant, annonçant le dépôt prochain d'un projet de loi visant à protéger la souveraineté du Parlement britannique.

"La souveraineté signifie être vraiment en mesure de faire les choses", a-t-il ajouté. "Si vous ne pouvez pas obtenir l'accès au marché unique pour vos entreprises, si vous ne pouvez pas assurer la sécurité des gens (...), alors vous êtes moins maître de votre destin."

Mais pour le ministre du Travail Iain Duncan Smith, pro-Brexit, rester dans l'UE exposerait au contraire le Royaume-Uni à des attentats comme ceux du 13 novembre à Paris: "L'ouverture des frontières ne nous permet pas de contrôler les gens qui peuvent venir et passer du temps ici. Nous voyons bien ce qui s'est passé à Paris", a-t-il déclaré à la BBC, bien que le Royaume-Uni, étant hors espace Schengen, maintienne le contrôle de ses frontières.

De son côté, David Cameron a prévenu des "années d'incertitude" qui suivraient un Brexit, avec "à la fin de ce processus, aucune garantie que nos entreprises auront un accès complet au marché" européen.

De plus, si le Royaume-Uni parvient à conserver l'accès au marché unique, il devra non seulement accepter les règles de ce marché sans avoir un droit de regard sur elles, mais il devra aussi accepter la libre circulation des personnes et contribuer au budget européen, a-t-il rappelé, comme c'est le cas pour la Norvège.

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