Loin de rassurer, l'évocation de "stratégies de sortie de crise" lors de la réunion du G8 finances pendant le week-end a, au contraire, fait dégringoler lundi les Bourses mondiales qui redoutent une disparition progressive des énormes plans de relance économique.
Bien que les ministres du groupe des Huit (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Russie et Japon), réunis en Italie, aient adopté un ton prudent sur la fin prochaine de la crise, face aux déclarations qui se multiplient sur le sujet, ils ont tout de même estimé que le temps était venu de commencer à parler de "stratégies de sortie de crise".
Ces déclarations ont fait naître des craintes de tarissement des injections massives de liquidités dans l'économie mondiale.
Ces craintes étaient particulièrement visibles à Wall Street où les cours ont plongé, entraînant immédiatement une forte aggravation des pertes sur les marchés européens qui étaient déjà orientés à la baisse en début de journée.
"Wall Street n'est pas très ravie des commentaires faits ce week-end lors de la réunion des ministres des Finances du G8. Les membres du groupe ont indiqué qu'ils envisageaient de défaire leurs colossaux plans de relance économique, une initiative qui a provoqué un changement de cap vers la baisse pour les matières premières et les valeurs qui leur sont liées", soulignait Joseph Hargett de Schaeffer's Research.
Au-delà des risques de voir disparaître ou au moins se réduire progressivement les coûteux plans de relance économique adoptés un peu partout dans le monde, certains analystes expliquaient que les commentaires du G8 étaient, pour beaucoup d'investisseurs, un "bon prétexte" pour vendre des actions qui ont fortement remonté ces derniers mois, et ainsi prendre de confortables bénéfices.
"Cela pourrait aussi être simplement un prétexte pour les intervenants cherchant une raison de retirer un peu d'argent de la table", expliquait Patrick O'Hare, de Briefing.com, en notant que l'indice Standard & Poor's 500 de Wall Street a encore progressé la semaine dernière pour se situer à un niveau "désormais 42% supérieur à son plus bas du 6 mars".
Les marchés ont également peu apprécié l'annonce aux Etats-Unis d'une mauvaise nouvelle sur le front économique avec une accélération inattendue en juin de la baisse de l'activité industrielle autour de New York. L'indice Empire State a reculé de près de 5 points pour s'établir à -9,4 points, alors que les analystes attendaient qu'il reste stable (à -4,6 points).
De son côté, le Fonds monétaire international a revu à la hausse lundi ses prévisions pour l'économie américaine, avec une reprise progressive puis "forte" à partir de mi-2010, mais a aussi souligné les nombreux "risques" qui la menacent.
Selon le FMI, le produit intérieur brut (PIB) américain devrait reculer de 2,5% en 2009, contre 2,8% prévus en avril, et augmenter de 0,75% en 2010, contre une stabilité attendue précédemment.
"Les risques de détérioration sont nombreux", a toutefois averti le FMI en citant la crise de l'immobilier, les "pressions à la hausse des taux d'intérêt" et le "rôle déterminant" de "l'évolution de la situation internationale".
Vers 16H30 GMT, la Bourse de New York était en forte baisse: l'indice Dow Jones perdait 2,34% et le Nasdaq (à dominante technologique) 2,84%, dans un marché plombé par le plongeon des valeurs énergétiques et industrielles.
Un peu plus tôt, les places européennes avaient clôturé sur des chutes voisines de 3%. Francfort a terminé en recul de 3,54%, Londres de 2,61% et Paris de 3,20%.
En début de journée, les marchés asiatiques avaient déjà perdu du terrain mais moins: la Bourse de Tokyo avait cédé 0,95% alors que celles de Hong Kong et Shanghai avaient baissé respectivement de 2,07% et 1,67%.