High-tech: Devialet veut conquérir le marché mondial du son

Publié le 23/02/2016 08:43
Quentin Sannie, cofondateur et directeur général de la start up Devialet, lors de la French Touch Conference au centre AXA de New York, le 24 juin 2015 (Photo KENA BETANCUR. AFP)
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Quentin Sannie, cofondateur et directeur général de la start up Devialet, lors de la French Touch Conference au centre AXA de New York, le 24 juin 2015 (Photo KENA BETANCUR. AFP)

"On a le meilleur son du monde!" Sans fausse modestie, la jeune entreprise française Devialet s'est rapidement fait un nom sur le marché pointu des amplificateurs et des enceintes haut de gamme, et entend maintenant équiper autos et téléviseurs.

"On s'est dit, quand on a lancé l'entreprise en 2007: +Notre objectif, c'est d'être le leader mondial du son+", raconte son cofondateur et directeur général Quentin Sannié.

Le secret? Un amplificateur hybride qui allie la qualité de l'analogique --trop gourmand en énergie-- et la puissance du numérique --relativement lent, et incapable de reproduire les fréquences élevées--, mis au point il y a une dizaine d'années par Pierre-Emmanuel Calmel, à l'époque ingénieur chez l'équipementier en télécoms Nortel.

"Personne d'autre n'est sur cette voie-là, qui est en fait la bonne voie, la plus prometteuse", se réjouit le chef d'entreprise.

Il n'a pas hésité à plonger des investisseurs potentiels dans le noir pour les immerger dans son son, et lever des fonds. Et a encore récolté en juin dernier 25 millions d'euros auprès d'actionnaires tels que Bernard Arnault (PDG de LVMH (PA:LVMH)), Jacques-Antoine Granjon (vente-privée.com), Xavier Niel (fondateur de Free) et Marc Simoncini (fondateur de Meetic).

Devialet a vendu son premier ampli en 2010, en remplaçant au pied levé un système défaillant au CES, le grand salon de l'électronique de Las Vegas. L'entreprise parisienne --qui se définit toujours comme une start-up, à huit ans-- en a vendu depuis plus de 10.000.

Une gageure, alors que les amplificateurs en question valent de 5.000 à 30.000 euros. "Il y a vraiment un marché de passionnés, prêts à mettre beaucoup d'argent pour cette qualité de son", relève Quentin Sannié. "Surtout des hommes."

Tout est fabriqué en France, "pour des raisons de sécurité de notre propriété intellectuelle", précise-t-il.

La phase suivante a été en 2013 la mise au point d'une puce électronique qui concentre la technologie sur 25 millimètres carrés, sans affecter la qualité du son. "On a inventé le microprocesseur de l'audio", s'amuse M. Sannié.

- Multiplier les brevets -

Sa première application a été l'an dernier le lancement de l'enceinte avec ampli intégré Phantom, au design toujours très étudié et dont les boomers vibrent avec les basses, à un prix inférieur à 2.000 euros.

"C'est le premier produit qui intègre pour un prix abordable le summum de ce qui existe", s'enflamme le dirigeant.

Il est d'autant plus confiant que Devialet a séduit le géant américain Apple (O:AAPL), qui commercialise désormais les enceintes Phantom dans ses Apple Store aux Etats-Unis, "avant une diffusion mondiale".

Un débouché qui complète avantageusement les cinq boutiques de Devialet (à Paris, Londres et Berlin), et un marché assez gros pour racheter l'usine d'un fournisseur à Fontainebleau (Seine-et-Marne).

Le chiffre d'affaires de la société a atteint les 30 millions d'euros l'an dernier. "C'est trois fois 2014, et j'espère entre la moitié et le tiers de 2016", relève M. Sannié.

Les activités sont rentables, mais "nous continuons à investir des dizaines de millions d'euros dans le développement de nos technologies", et à multiplier les brevets, ajoute-t-il.

L'idée est maintenant de trouver d'autres applications à la fameuse puce et au logiciel SAM, qui adapte le son de l'ampli aux enceintes.

Ce dernier devrait équiper des voitures avant la fin de l'année, avance le directeur général.

Le son Devialet devrait ensuite être intégré dans des téléviseurs, "sans doute l'année prochaine". "Car le son, c'est super important dans un film!"

Pas question en tous cas, pour l'équipe dirigeante, de céder l'entreprise maintenant qu'elle a fait son trou.

"C'est l'histoire d'une vie!", assure Quentin Sannié, qui dit être encore et encore ému par le son de ses amplis.

"Ce qui nous intéresse, c'est d'arriver en haut de l'Everest, et je n'ai pas de doute sur le fait qu'on peut réussir", souligne-t-il. "Ce n'est pas d'avoir à expliquer au reste de la cordée pendant l'ascension que l'on va retourner au camp de base et laisser la direction à d'autres."

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