Le braquage à Paris de la star de téléréalité Kim Kardashian, l'un des plus gros vols de bijoux des dernières années en France, est un nouveau coup dur pour l'image de la capitale, où la fréquentation touristique est déjà fortement affectée par les attentats.
"On en rajoute une couche, notamment dans le segment du luxe!", s'exclame Mark Watkins, président du cabinet spécialisé dans le tourisme Coach Omnium, interrogé par l'AFP.
"Paris et la France n'avaient pas besoin de cela, et je pense que cette affaire, très violente, va toucher à la fois la clientèle très haut de gamme mais aussi le tourisme en général", craint-il.
Cette agression survenue en plein Paris dans la nuit de dimanche à lundi, fait suite à l'agression de touristes chinois l'été dernier, devant leur hôtel à Gonesse, celle de Coréens, dévalisés alors qu'ils s'étaient perdus à Saint-Denis ou encore cette attaque spectaculaire en août 2014 à l'entrée de l'autoroute A1 à Paris, d'une voiture du convoi d'un prince saoudien, fils du défunt roi Fahd, et ancien ministre déchu.
Depuis les attentats de novembre dernier à Paris et du 14 juillet à Nice, la France, mais surtout l'Ile-de-France et la Côte d'Azur souffrent d'un mouvement de désaffection des touristes étrangers.
Le chiffre d'affaires des hôtels parisiens a chuté de 20%, selon des chiffres relayés par la principale organisation du secteur, l'Umih, qui précise que le secteur de la restauration dans la capitale est lui aussi affecté avec une baisse d'activité de 25 à 30%.
Et les perspectives pour les mois à venir ne sont guère encourageantes. "Le mois d'octobre ne s'annonce pas très bien et nous n'avons pas de perspectives sur l'hiver à venir, nous sommes un peu inquiets", concède François Delahaye, directeur général du Plaza Athénée, palace situé près des Champs-Elysées, précisant toutefois que la Fashion Week a permis de remplir son établissement.
Présente à Paris pour la Fashion Week, Kim Kardashian séjournait dans une résidence hôtelière de luxe du 8e arrondissement, une adresse confidentielle, destinée à une clientèle très haut de gamme.
- "L'hôtellerie est un métier, la sécurité aussi" -
"Cette affaire, aussi malheureuse qu'elle soit, vient soulever la question de la sécurité dans ce genre de résidences meublées, qui sont des sortes de Airbnb de luxe, sans points de sécurité, contrairement à nos hôtels, qui offrent eux des conditions de sécurité bien supérieures, avec vigiles, caméras", assure Didier Chenet, président du GNI (Groupement national des indépendants), représentant le secteur de l'hôtellerie et de la restauration.
François Delahaye l'affirme: "On ne gère pas quatre appartements comme on gère un établissement de plusieurs centaines de chambres. L'hôtellerie est un métier et la gestion de la sécurité en fait partie. Ici, au Plaza Athénée par exemple, nous avons 20 personnes qui assurent la sécurité, supervisées par un ancien commandant de police", souligne-t-il.
"Aujourd'hui dans les hôtels, personne ne lésine sur les moyens mis en oeuvre pour la sécurité. Et d'ailleurs, depuis les attentats, les clients sont très attentifs à cette thématique, souhaitant s'assurer que les établissements ont un service de sécurité efficace", souligne Christophe Laure, président de la branche prestige à l'Umih.
Pour Yves Abitbol, président de MYConcierge, site de services de luxe, "le soit-disant secret (de telles résidences de luxe) n'a pas la sécurité d'un palace. L'endroit est fermé, le subterfuge était plutôt bon mais ce serait impossible dans un palace, ou alors avec une armée", poursuit-il.
Ce fait divers a aussi déclenché une polémique sur le plan politique : la candidate à la primaire de la droite Nathalie Kosciusko-Morizet s'est alarmée de la "contre-pub que ça représente" pour "l'image de Paris", la maire socialiste Anne Hidalgo rétorquant que cet "acte très rare" ne remettait pas en cause la sécurité de "l'espace public parisien".
Selon des chiffres de l'Alliance 46.2, qui réunit 19 grands acteurs du tourisme tels qu'AccorHotels, Galeries Lafayette, les arrivées de touristes étrangers devraient reculer de 4 à 5% en 2016, soit environ 3 millions de visiteurs en moins. Ce serait la plus forte baisse qu'ait connu le tourisme français depuis au moins 40 ans, et induirait une perte de 25.000 à 30.000 emplois directs, plus un nombre équivalent d'emplois indirects.