par Valentina Za et Stephen Jewkes
MILAN (Reuters) - Les derniers développements judiciaires de l'enquête sur Monte dei Paschi di Siena sont nécessaires du point de vue de la procédure mais risquent de pénaliser la banque au moment où elle s'efforce de résoudre ses difficultés financières, a déclaré vendredi son administrateur délégué.
Fabrizio Viola et l'ex-président du groupe Alessandro Profumo sont désormais directement visés par l'enquête judiciaire ouverte sur des soupçons de fraude comptable et de manipulation de cours, qui porte sur des transactions sur des produits dérivés financiers, a appris Reuters de source proche du dossier jeudi.
Cette évolution de l'enquête engagée l'an dernier intervient au moment même ou Monte Paschi prépare une augmentation de capital de cinq milliards d'euros afin de renforcer son bilan, le groupe ayant décroché la lanterne rouge des derniers tests de résistance du secteur en Europe.
"C'est avec confiance dans le système judiciaire et sérénité sur la justesse de nos décisions que j'attends une clarification rapide de la situation", déclare Viola dans un communiqué.
"Je ne peux cacher le fait qu'il est émotionnellement difficile, pour moi comme pour la banque, au vu des efforts énormes de ces quatre dernières années pour restaurer sa santé, d'assister aux conséquences néfastes d'événements passés et de décisions prises par d'autres", ajoute-t-il.
Fabrizio Viola réaffirme dans son communiqué la position officielle de la banque, à savoir que l'ouverture d'une enquête est une procédure obligatoire à partir du moment où une plainte d'actionnaire a été déposée, mais il évoque aussi le "risque que cela soit mal interprété au moment où les projets que nous portons avec constance suscitent l'attention".
UN DOSSIER OUVERT DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES
Le parquet de Sienne soupçonne Monte Paschi, la troisième banque d'Italie, de ne pas avoir correctement comptabilisé deux transactions sur des dérivés, connues sous les appellations Alexandria et Santorini, entre 2011 et 2014. Le dossier a été transmis au parquet de Milan, qui a 18 mois pour décider d'un éventuel renvoi de Viola et Profumo devant la justice.
Une source proche du dossier a déclaré qu'un non-lieu semblait l'issue la plus probable. "Je ne crois vraiment pas que cette enquête ira quelque part", a-t-elle dit.
Les deux transactions mises en cause et un instrument financier qui a partiellement financé le rachat de la banque Antonveneta en 2007 étaient déjà au coeur d'une autre enquête ouverte à Milan et close en janvier dernier.
Dans ce dossier, le parquet a demandé le renvoi en justice de 13 anciens responsables de Monte Paschi, de Deutsche Bank (DE:DBKGn) et de Nomura. Toutes les personnes et les institutions financières concernées nient les faits qui leur sont reprochés.
Profumo, une figure du secteur bancaire italien, et Viola ont été nommés à la direction de Monte Paschi en 2012 avec pour mission de redresser la banque, affaiblie par le rachat d'Antonveneta et les coûteux dérivés utilisés pour financer l'opération. Profumo a quitté le groupe l'an dernier après avoir supervisé deux appels au marché d'un montant total de huit milliards d'euros.
A la Bourse de Milan, l'action Monte Paschi a perdu 2,6% vendredi, un recul plus limité que celui de 4,3% subi par le secteur bancaire italien dans son ensemble. La banque a perdu depuis le début de l'année 81% de sa valeur boursière, tombée à 685 millions d'euros.
Une source proche du consortium bancaire formé pour appuyer le plan de renforcement du bilan du groupe a jugé vendredi peu probable que l'enquête judiciaire complique la nouvelle levée de fond. "Ce n'est qu'un élément technique", a-t-elle dit.
(Marc Angrand pour le service français)