L'Allemagne s'apprête à vivre à partir de mardi une grève des trains de plusieurs jours, qui devrait perturber les déplacements du week-end de Pentecôte, nouvelle péripétie d'un conflit social qui s'enlise depuis près d'un an.
Le syndicat des conducteurs de locomotives GDL a appelé lundi à ce nouveau mouvement, le neuvième depuis l'été 2014, sur fond de négociations bloquées sur des questions de représentativité du personnel. L'arrêt de travail intervient huit jours seulement après une grève de près d'une semaine, présentée comme la plus longue dans l'histoire de la Deutsche Bahn.
Le mouvement devait débuter mardi à 13H00 GMT dans le fret, et être élargi au trafic passagers mercredi à 00H00 GMT. GDL refuse pour le moment de dire combien de temps il durera. Le syndicat veut communiquer sur la date de fin exacte de la grève 48 heures avant.
"Vous pouvez partir du principe que cette grève sera un peu plus longue que celle de début mai", a affirmé le président de GDL, Claus Weselsky, lors d'une conférence de presse. Le mouvement perturbera donc les voyages en train pour le long week-end de la Pentecôte, lundi étant un jour férié en Allemagne.
"Quelle vacherie! Grève à la Pentecôte", a titré sur son site le tabloïd Bild, journal le plus lu d'Allemagne.
Deutsche Bahn a critiqué dans un communiqué "une grève de facto illimitée" qui va "affecter les voyageurs dans toute l'Allemagne". La compagnie devait publier mardi le planning actualisé du trafic passagers des prochains jours.
Lors de la dernière grève, deux-tiers des liaisons grande ligne et jusqu'à 85% des trains régionaux avaient été annulés. Le mouvement de début mai avait coûté selon les fédérations économiques des centaines de millions d'euros, et les économistes avaient évoqué un effet négatif de l'ordre de 0,1 point de pourcentage sur la croissance du Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre.
- Question de survie -
La compagnie ferroviaire publique Deutsche Bahn transporte 5,5 millions de passagers et 607.000 tonnes de marchandises par jour rien qu'en Allemagne, et dessert d'importants axes européens (nord-sud et est-ouest).
GDL et Deutsche Bahn ont continué lundi à se renvoyer la responsabilité pour l'enlisement des négociations.
Le syndicat, minoritaire au sein de la compagnie, veut pouvoir négocier des accords salariaux pour d'autres catégories de personnel que les conducteurs de train, ce que Deutsche Bahn refuse pour ne pas voir des membres d'une même corporation être sous des régimes de salaires et de conditions de travail différents simplement parce qu'ils appartiennent à des syndicats différents.
C'est seulement une fois cette question réglée que GDL acceptera d'entrer dans le vif du sujet de l'évolution des salaires et du temps de travail.
Pour GDL, s'imposer dans ce conflit est une question de survie, alors qu'à Berlin le gouvernement est en train de légiférer pour limiter le pouvoir des petits syndicats corporatistes.
Avec son autre syndicat EVG, plus gros, Deutsche Bahn est dans la dernière ligne droite de ses négociations salariales, qui pourraient aboutir dès cette semaine.
Pour sortir les négociations avec GDL de l'ornière la compagnie a proposé le recours à un médiateur, une solution qui aurait aussi les faveurs du gouvernement allemand qui s'impatiente. Le bouillonnant chef de GDL s'est dit lundi ouvert à un arbitrage, mais seulement si "des résultats intermédiaires" étaient auparavant atteints dans les discussions. Il s'est dit prêt à se rasseoir à la table des négociations et a précisé que la grève le cas échéant pourrait être interrompue.
Outre la grève des conducteurs de locomotives, les Allemands ont à composer en ce moment avec une grève illimitée des personnels municipaux de crèches et jardins d'enfants, et à un conflit social chez Deutsche Post, qui conduit à des mouvements sociaux à répétition chez le groupe de logistique et perturbe ponctuellement la distribution du courrier.