Le Parlement ukrainien a voté vendredi, à l'issue d'une nuit de difficiles débats, son budget 2016 qui prévoit un déficit égal à 3,7% du PIB, la limite fixée pour poursuivre l'aide financière internationale à l'Ukraine, pays ravagé par la crise économique et un conflit armé dans l'est.
Au total, 263 parlementaires ont apporté leur soutien à ce document contre un minimum nécessaire de 226, au cours d'un vote survenu vers quatre heures du matin, après de houleuses discussions.
"Cela a été un processus long et pénible", a commenté sur Facebook (O:FB) la ministre des Finances Natalie Jaresko, selon laquelle les députés ont proposé plus de 600 amendements au texte gouvernemental.
C'est seulement si le budget est malgré tout "resté équilibré et responsable" que "le versement de la prochaine tranche" du prêt du FMI aura lieu, a-t-elle précisé.
Les difficultés qu'a éprouvées le gouvernement pour se mettre d'accord avec le Parlement sur ce budget avaient poussé le Fonds monétaire international à menacer de suspendre son aide financière, cruciale pour Kiev.
Le Fonds, qui ne s'est pas encore prononcé sur le texte adopté, exigeait un déficit budgétaire limité à 3,7% du PIB, et des réformes structurelles en vue d'abolir les privilèges fiscaux, d'élargir la base fiscale et de réduire les dépenses d'Etat.
Dans ce contexte, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, dont le gouvernement a passé la nuit dans l'hémicycle avec les députés, avait exhorté mercredi ces derniers à voter d'urgence un budget répondant aux conditions posées par le FMI pour éviter une "catastrophe économique".
Le nouveau budget, qui doit encore être promulgué par le président Petro Porochenko, table sur un retour à la croissance économique après plusieurs années de crise (hausse de 2% du produit intérieur brut prévue pour 2016 contre une chute de 11% attendue cette année) et un ralentissement de l'inflation (12,5% attendus pour 2016 contre 50% en 2015).
Comme cette année, 5% du PIB est consacré à la défense, une priorité pour l'Ukraine dont les autorités sont confrontées à un conflit armé avec les rebelles prorusses dans l'est de cette ex-république soviétique, qui a fait plus de 9.000 morts depuis son déclenchement en avril 2014.
La dette publique et celle garantie par l'Etat ne doivent pas dépasser 86% du PIB, selon ce document, qui prévoit aussi une hausse de 12% des allocations sociales dans ce pays où une très grande partie de la population vit sous le seuil de pauvreté.