Le ministre sud-africain des Finances devait présenter mercredi un budget attendu et probablement très serré, après l'élection du nouveau président Cyril Ramaphosa qui a fait de la relance de l'économie et de la lutte contre la corruption ses priorités.
Cyril Ramaphosa a succédé la semaine dernière au président Jacob Zuma, empêtré dans plusieurs scandales et contraint de démissionner sous la pression de son parti, le Congrès national africain (ANC).
L'ANC l'a poussé vers la sortie afin d'éviter une catastrophe aux élections générales de 2019.
L'élection de Cyril Ramaphosa à la tête de la première puissance industrielle du continent a été accueillie avec soulagement par les marchés, alors que l'ère Zuma a été marquée par un accroissement de la dette, une croissance molle, un taux de chômage record à 27,7% et une dégradation de la note financière du pays.
Mais la tâche de Cyril Ramaphosa s'annonce compliquée.
"Ca va être le budget le plus difficile depuis l'avènement de la démocratie" en 1994 en Afrique du Sud, a prédit Piet Naude, professeur à l'université de Stellenbosch.
Le président Ramaphosa va devoir trouver des sources de revenus tout en réduisant drastiquement les dépenses de l'Etat, alors qu'il s'est notamment engagé à respecter l'un des engagements les plus coûteux de son prédécesseur, à savoir la gratuité des études supérieures pour les étudiants issus des familles défavorisées.
Lors d'un discours devant le Parlement vendredi, au lendemain de son élection, il a promis d'engager le pays sur "un nouveau chemin de croissance, d'emploi et de transformation".
Parmi ses priorités immédiates, il a cité l'emploi des jeunes, dont le taux de chômage frôle les 50%. Il s'est également engagé à ramener la confiance des investisseurs et des marchés, qui ont sanctionné la fin du règne de Jacob Zuma par la dégradation de la note financière du pays.
Peu avant son accession au pouvoir, Cyril Ramaphosa avait exprimé sa réticence sur un projet très coûteux et controversé de construction de nouvelles centrales nucléaires en Afrique du Sud, ardemment défendu par Jacob Zuma.
Cyril Ramaphosa, ancien homme d'affaires, bénéficie dans l'immédiat de la confiance des marchés qui "pensent qu'il est bon pour l'économie", selon Ken Swettenham, analyste financier pour la compagnie d'assurances Liberty Life.
Depuis son élection, la devise nationale, le rand, s'est ressaisie.
Mais la lune de miel pourrait être de courte durée si les changements ne se concrétisent pas rapidement.
Le président Ramaphosa travaille toujours avec l'équipe de Jacob Zuma. Il a indiqué mardi qu'il annoncerait un nouveau gouvernement "le moment venu".
En l'absence de remaniement immédiat, c'est donc le ministre des Finances, Malusi Gigaba, allié de Jacob Zuma, qui présentera le budget devant le Parlement mercredi à 14h00 (12h00 GMT),
Il est fort probable qu'il ne survive pas au remaniement gouvernemental, mais le fait qu'il présente le budget "ne donne pas le signal aux marchés internationaux qu'il y a un changement de cap crédible", a prévenu Co-Pierre Georg, de l'université du Cap.
L'Afrique du Sud a enregistré une croissance de 0,9% l'an dernier, contre 0,3% l'année précédente. Les analystes tablent sur une croissance de 1,8% pour cette année et une inflation sous la barre des 4%.