Le gouvernement japonais reconnaît des divergences sur l'avenir de son surgénérateur nucléaire expérimental de Monju, une installation ancienne qui n'a quasiment jamais servi, a connu plusieurs importants problèmes, est onéreuse et mal gérée de l'avis de l'Autorité de régulation nucléaire.
Le régulateur du secteur, qui a constaté des mauvaises pratiques notamment dans le contrôle des installations par l'Agence de l'énergie atomique (JAEA), a recommandé en novembre dernier que soit modifiée la structure chargée de gérer ce prototype de nouveau type de réacteur construit dans la préfecture de Fukui (ouest).
L'autorité souhaitait une décision dans un délai d'environ six mois, mais le gouvernement n'a pas achevé sa réflexion: "nous voulons tirer des conclusions rapidement", s'est borné à déclarer mardi le porte-parole de l'exécutif, Yoshihige Suga, alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer le démantèlement de ce réacteur dans lequel ont été engloutis plus de 1.000 milliards de yens (8,7 milliards d'euros) depuis sa mise en chantier en 1986.
"Nous n'avons pas recouvré la confiance des citoyens" pour Monju, a indiqué mercredi la ministre de la Défense, Tomomi Inada, qui s'est montrée plutôt favorable à l'abandon du site.
"Il y a apparemment plusieurs avis au sein du gouvernement, mais je souhaite que nous poursuivions les discussions avec toutes les parties prenantes et que nous fassions valoir notre point de vue", a de son côté déclaré le ministre de la Recherche, Hirokazu Matsuno, sous la tutelle duquel est placé l'organisme qui gère Monju.
Si le maintien de Monju était décidé, il faudrait encore investir plusieurs centaines de milliards de yens (plusieurs milliards d'euros) pour le rendre conforme aux normes de sûreté durcies après l'accident de Fukushima en 2011, soulignent les experts.
Monju, prototype de conception déjà ancienne, refroidi au sodium et qui utilise du combustible recyclé Mox, est stoppé depuis un incident en août 2010.
Censé préfigurer les réacteurs de 4e génération, il venait alors tout juste d'être remis en fonction, après 14 ans et demi d'arrêt à la suite d'un grave accident survenu en 1995 juste après sa première activation.
En permettant en théorie une meilleure réutilisation du combustible nucléaire et une réduction de la dépendance énergétique envers l'étranger, ce démonstrateur était pourtant considéré comme une pièce essentielle dans la volonté du Japon de maîtriser l'ensemble du cycle nucléaire. Mais cette ambition est freinée par l'impossibilité de faire fonctionner ce surgénérateur (aussi appelé surrégénérateur) de même que de mettre en exploitation l'usine de retraitement de Rokkasho (nord).
Le Japon a en outre d'autres projets de nature ressemblante puisqu'il participe, via ses entreprises Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Mitsubishi FRB Systems, au projet de surgénérateur Astrid en cours de développement en France.