Du ciment, des télécoms et du pétrole mais aussi du sucre et des pâtes: l'homme d'affaires nigérian Aliko Dangote a réussi à bâtir un empire qui lui vaut le titre d'homme le plus riche d'Afrique au classement du magazine américain Forbes.
Ce "tycoon" de 58 ans illustre le succès de grands groupes africains qui taillent des croupières aux multinationales sur un marché continental en pleine expansion, comme le montre une étude du cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG) publiée mardi.
Puissance de travail, pratiques commerciales affûtées, appui sur un véritable réseau, autant d'atouts de ce "lion africain", pour reprendre le terme de BCG, dont les entreprises se retrouvent de l'Afrique du Sud jusqu'au Sénégal et qui fréquente les cercles de pouvoir internationaux comme le Forum économique mondial de Davos.
Résultat, son empire était estimé début novembre par l'indice des milliardaires de l'agence Bloomberg à 13,8 milliards de dollars (12,7 milliards d'euros).
Dans une vidéo publiée il y a trois ans, M. Dangote expliquait qu'un entrepreneur devait posséder une vraie vision et savoir prendre des risques calculés.
"Vous devez penser large. Si vous pensez étroit, vous resterez petit toute votre vie. Et vous devez faire preuve de cohérence".
"Quand vous lancez une affaire, vous risquez de connaître des hauts et des bas. Cela ne signifie pas que ça ne va pas marcher. Il va y avoir des défis, mais il faut savoir les contourner", disait-il.
Un crédo qui lui a réussi puisque le Dangote Group, dont le siège est à Lagos, est le premier employeur privé d'Afrique avec ses 26.000 salariés, ce qui lui donne un avantage sur les sociétés étrangères en termes de connaissance du terrain et de relations d'affaires dans la durée.
Une de ses composantes, Dangote Cement, possède des filiales dans 14 pays du continent et ne compte pas en rester là. En août, elle a signé un contrat de 4,3 milliards de dollars avec le Chinois Sinoma International Engineering pour la construction de onze nouvelles cimenteries, dix en Afrique et une au Népal.
M. Dangote a ainsi fait de ses entreprises un outil indispensable des mutations du continent, fournissant la matière première à la construction de nouvelles infrastructures en plus de création d'industries et d'emplois.
"L'Afrique a atteint la majorité. L'Afrique nous offre des opportunités sans égales", déclarait-il en mars 2014 sur CNBC.
- S'offrir un jour l'équipe d'Arsenal -
Dans son propre pays, où règne le clientélisme, il courtise les hommes politiques de tous bords et se positionne pour développer des industries actuellement très peu développées.
Il a ainsi signé des emprunts pour investir plus de 9 milliards de dollars dans un complexe - le plus grand du Nigeria - de raffinage de pétrole et de production d'engrais dans le sud-ouest.
Un projet qui correspond aux souhaits du président Muhammadu Buhari qui veut développer l'agriculture et la transformation du brut, dont le Nigeria est le premier producteur d'Afrique mais qui, faute de raffineries en nombre suffisant, importe à des prix élevés une bonne partie de son essence.
Le richissime homme d'affaires suit aussi les traces d'autres milliardaires comme Bill Gates et Richard Branson sur le chemin de la philanthropie.
Sa Dangote Foundation dépense des milliards de nairas pour l'éducation, la santé et l'aide aux sinistrés, comme la promesse faite en décembre dernier de verser 3 millions de dollars aux victimes de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.
En 2012, il s'est allié à la fondation de Bill et Melinda Gates pour lutter contre la polio au Nigeria qui, en septembre, a été retiré de la liste des pays où la maladie est endémique.
Enfin, comme beaucoup de ses compatriotes, M. Dangote est un fan de football et il se dit depuis longtemps qu'il souhaite investir dans l'équipe d'Arsenal, ce qui en ferait le premier Africain à s'offrir un club anglais de première division.
"J'espère toujours acheter l'équipe un jour au prix juste", confiait-il en mai à Bloomberg.