Un mois après les attentats, les palaces parisiens, victimes d'une désaffection des touristes étrangers, peinent à se remettre de cette "claque", tandis que les restaurants gastronomiques limitent l'impact grâce à leur clientèle locale.
"Ce qui nous inquiète, c'est que ça ne reprend pas", confie François Delahaye, directeur du Plaza Athénée, soulignant une perte de 50% du chiffre d'affaires pour l'hôtel depuis les attentats.
"A ce jour, le Plaza enregistre des réservations à hauteur de 30% pour le Nouvel An, contre 70% à la même date l'an dernier", précise-t-il. "On est dans l'expectative car on s'est pris une belle claque dans la figure après les attentats".
Si la COP21 a offert une bouffée d'oxygène aux palaces avec l'arrivée de 150 chefs d'Etat, elle a été de courte durée.
L'hôtellerie française a perdu 9,3% de son chiffre d'affaires depuis les attaques du 13 novembre, selon le cabinet spécialisé MKG, qui précise que les plus touchés sont les établissements de luxe parisiens.
Pour le Plaza, l'impact est "quatre fois supérieur à celui des attentats de janvier", estime M. Delahaye.
"Comment voulez-vous que les familles viennent avec leurs enfants dans un pays dont le président a déclaré qu'il était en guerre?", regrette-t-il.
Les annulations ont représenté une perte de chiffre d'affaires de 2 millions d'euros une semaine après les attentats, selon lui.
Du côté du Bristol, le taux d'occupation est également en baisse: 44% contre 61% l'an dernier à la même époque. Le palace prévoit de finir le mois entre 55 et 60%, contre 80% l'an passé.
"Nous n'avons plus d'annulations mais nous n'avons pas de nouvelles réservations (pour les fêtes de fin d'année), c'est ennuyeux mais il fallait s'y attendre", constate Didier Le Calvez, directeur de ce palace situé à deux pas de l'Elysée.
- "L'événementiel a souffert" -
Face à cette désaffection des touristes étrangers qui concerne "toutes les nationalités", l'hôtel a réduit son personnel: "on met des personnes en vacances, en repos, on freine les embauches", explique-t-il.
Toutefois, à la table trois étoiles du palace, le restaurant Epicure d'Eric Fréchon, "l'activité est normale, principalement grâce à une clientèle de Parisiens", précise Didier Le Calvez.
Au Plaza, les restaurants du chef étoilé Alain Ducasse, connaissent "une baisse de 30 à 40% du chiffre d'affaires depuis le 13 novembre", indique M. Delahaye.
Contactés, les autres palaces parisiens n'ont pas souhaité s'exprimer.
Le chef Yannick Alléno à la tête du Pavillon Ledoyen, trois étoiles situé près des Champs-Elysées, peut compter lui aussi sur sa clientèle française.
"Je ne dis pas que c'est super confortable mais ça va à peu près", commente-t-il. Son restaurant a toutefois pâti de l'annulation de plusieurs réceptions récemment: "l'événementiel a beaucoup souffert", dit-il.
Si le restaurant est fermé à Noël, les festivités du Nouvel An, s'annoncent "à peu près comme l'année dernière" mais le chef dit redouter les mois de janvier et février. Par ailleurs ses deux bistrots "Terroir Parisien", qui ont connu une baisse de fréquentation de 15%, ont moins souffert qu'après les attentats de janvier.
Dans ce contexte difficile pour tout le secteur de la restauration, l'Ambroisie, autre établissement trois étoiles, a connu un coup de projecteur bienvenu avec le dîner de François Hollande et Barack Obama le 30 novembre, à l'occasion de la COP21.
"Après ce dîner j'ai reçu des mails et des textos du monde entier", raconte Danièle Pacaud, l'épouse du chef Bernard Pacaud aux commandes de cet établissement du Marais, qui a connu une fréquentation "en dents de scie" depuis les attentats.
"Je commence à avoir des réservations des Etats-Unis pour le mois de janvier. Les gens veulent aller là où Obama est venu", se félicite-t-elle.